Apprenons l'arabe… en chantant !

Entretien avec le chanteur et oudiste Islem Jamaï

Published by Brigitte Nérou | On 12 January 2022
Le chanteur et oudiste Islem Jamaï. D.R.
Le chanteur et oudiste Islem Jamaï

Dans quelques jours, le Centre de langue de l’Institut du monde arabe va ouvrir un cours de chant en langue arabe. Une manière originale d’aborder l’apprentissage de la langue ou de perfectionner sa pratique. Les cours s’adressent aux adultes et sont ouverts à tous, quel que soit leur niveau. Ils seront dispensés par un jeune artiste tunisien, le oudiste, chanteur et compositeur Islem Jamaï.

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J’ai baigné dans les voix de femmes ; dans ma région natale, elles occupent une place très importante, notamment dans les cérémonies privées, et portent une émotion particulière, qui transporte ses auditeurs, même ceux qui ne comprennent pas les paroles.

Islem Jamaï est né il y a vingt-sept ans à Médenine, dans le sud-est de la Tunisie. Après un cursus académique de musique à Tunis, il poursuit ses études en France et obtient en 2020 un master en musicologie, avant d’entamer au conservatoire de Nice un cycle spécialisé, en parallèle avec un master en management de l’art et de la culture – le tout lui ouvrant les portes de l’enseignement dans les conservatoires régionaux et nationaux de France.
Spécialiste de l’interprétation vocale et amoureux de la voix humaine, tout particulièrement celle des femmes, Islem se revendique d’influences multiples. Ses références ? Les chanteurs, compositeurs et oudistes tunisiens Hédi Jouini et Dhafer Youssef, le compositeur et trompettiste libanais Ibrahim Maalouf, le chanteur et compositeur libanais Wadih Al-Safi, ou encore les grands noms de l’âge d’or de la musique arabe Mohammed Abdel Wahab, Fayrouz (et son fils le compositeur Ziad Rahbani), Oum Kalthoum…, sans oublier le oudiste tunisien Anouar Brahem, reconnu pour avoir modernisé le répertoire du oud en le confrontant aux musiques modernes.
Un mariage cher à Islem Jamaï, et qui s’exprime dans le groupe qu’il a formé avec le guitariste Ghassen Fendri et le sound designer Walid Ben Hadj Salah. Au résultat, une fusion entêtante alliant musique traditionnelle, pop, électronique et électroacoustique, « avec une interprétation jazzy pour la partie vocale ».

D.R.

Comment imaginez-vous vos cours de chant ?

À l’image de mon parcours : ouvert à tous les horizons ! Je vais bien sûr moduler les cours en fonction du niveau de langue et de pratique musicale de chaque participant, tout en respectant un même principe de base : commencer par la pratique – le chant – et dans un second temps seulement, aborder, en m’appuyant sur cette pratique, des rudiments de théorie musicale – en particulier ce qui a trait aux modes musicaux spécifiquement arabes, les maqâms. Et surtout pas le contraire!
Concrètement, je ferai débuter le cours par l’écoute de trois ou quatre chansons, parmi lesquels les élèves en choisiront une – il s’agira tout d’abord de chansons simples, avec peu de modalités, par exemple البنت الشلبية (El Bint El Shalabiya, « La fille de Shalabiya ») de Fayrouz. Nous réécouterons la chanson choisie, avant de la chanter à notre tour.

Se pose la question de la langue arabe : quel arabe allez-vous privilégier ? L’arabe littéraire, l’arabe dialectal ? Et dans quelle langue allez-vous dispenser vos cours ?

Pour ce qui est des cours, cela dépendra des participants : à des non-francophones, je peux donner mes cours en anglais, ou en arabe standard moderne s’ils sont arabophones – voire en dialectal tunisien, ma langue maternelle, s’il se trouve des participants originaires de Tunisie.
Concernant la langue des chansons, l’idée est selon le cas de s’initier à la langue arabe, à sa prononciation, son vocabulaire, d’aborder des rudiments de conjugaison et de grammaire, etc. – en « plongeant directement dans le grand bain », en quelque sorte –, ou de perfectionner sa pratique. Ici encore, je m’adapterai en fonction des demandes.

Les participants ne vont-ils pas être intimidés, à chanter ainsi tout seuls, devant d’autres personnes et sans accompagnement ?

Sauf s’ils ont déjà un niveau suffisant et qu’ils le souhaitent, je ne les laisserai pas chanter tout seuls ! Je les soutiendrai en chantant moi-même avec eux, au besoin en les accompagnant au oud.

Brigitte Nérou, rédactrice en chef du blog de l'IMA
Brigitte Nérou Avec plus de quinze ans d’expérience dans l’édition, Brigitte a rejoint l’Institut du monde arabe en 2003 comme secrétaire de rédaction du magazine Qantara . Elle prend à présent la... Lire la suite
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