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Hommage à Cheikha Tetma, Maâlma Yamna, Fadila Dziria et Meriem Fekkaï

  • 5 December 2003 - 6 December 2003
Hommage à Cheikha Tetma, Maâlma Yamna, Fadila Dziria et Meriem Fekkaï
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Le hawzi ou le chant des faubourgs
À Tlemcen, c’est dans le respect le plus fidèle de la tradition classique de l’antique Bétique que s’épanouissent les rythmes au son des instruments r’beb, luth, kouitra, derbouka, violon alto, violon 4/4, târ et mandoline des orchestres andalous. Les tenants du hawzi lui ajouteront les accents populaires des faubourgs, tant au niveau rythmique que mélodique. De fait, le hawzi est défini comme un style intermédiaire entre le classique et le populaire, les mélangeant souvent allégrement (ou mélancoliquement). En règle générale, le mode hawzi débute par un tahwès (prélude instrumental et vocal) avant de passer à un rythme binaire (bachraf d’origine turque ou goubbahi), puis de s’emballer, sur un tempo vif en 5/4, et de se conclure par un final ternaire. Les femmes ont largement contribué à lui donner une touche plus délicate et plus nuancée dans ses déclinaisons mélodiques, à l’image de la pionnière Cheikha Tetma (1891-1962), auteur de la première tentative d’harmonisation de la musique andalouse, sous la direction d’un orchestre symphonique européen dépendant du conservatoire municipal d’Oran. À Alger, cité du chaâbi, bien des interprètes ont adopté le hawzi et l’ont inclus dans leur répertoire, lui octroyant même une couleur maritime, en référence aux dockers, amateurs du blues de la casbah. Mais si la chanson féminine algéroise existe depuis le début du vingtième siècle, on a longtemps compté les interprètes sur les doigts d’une seule main. Dans une société sous perfusion coloniale, étouffée par le moralisme ambiant, chanter relevait pour une femme d’un acte de bravoure et de défiance. Celles qui osaient le faire étaient traitées de « prostituées » ou de « débauchées » et la plupart se privaient de famille pour se consacrer entièrement à leur art. D’autres s’expatriaient un moment, telle Fadila Dziria (1917-1970) qui obtint d’abord le succès à Paris avant de devenir, à son retour, l’animatrice attitrée des fêtes du Tout-Alger. Elle faisait équipe avec son aînée Meriem Fekkaï (1889-1961) et une certaine Reinette l’Oranaise. Toutes ces cantatrices ont admiré et suivi l’exemple de Yamna Bent El-Hadj El-Mahdi (1859-1933), première chanteuse algérienne à avoir investi, avec grand succès, un terrain andalou monopolisé par les hommes. Celles que l’on appelait les m’samaâtes chantaient déjà tout haut ce que leurs mères murmuraient tout bas.

Naïma El Djazaïria : The Voice
Troublante, émouvante, bouleversante : la voix de Naïma El Djazaïria (l’Algérienne) est tellement exceptionnelle et prenante qu’on ne sait plus vraiment comment la qualifier avec précision. Fatima-Zohra Graïmou, dite Naïma, née le 27 juin 1968 à Kouba (Alger), suit l’enseignement de l’école des jeunes aveugles avant de s’inscrire au conservatoire de musique, puis d’intégrer la fameuse association El-Fakhardjia. C’est en 1983, dans l’incontournable émission télévisée Alhan wa chabab (Mélodie et Jeunesse, sorte de radio-crochet filmé) qu’elle effectue ses premiers pas. Épaulée par Saïd El-Ghobrini, un vétéran du chaâbi, elle se lance dans le style hawzi et chaâbi, enfilant les succès comme des perles. Après une brève éclipse, elle réapparaît en 1991, plus lumineuse que jamais. La télévision algérienne la réclame régulièrement, elle foule les planches des scènes les plus prestigieuses et elle demeure l’artiste algéroise la plus demandée lors des saisons de mariages.

Naïma Ababsa : des airs de famille
Dans la famille Ababsa, demandez le père Abdelhamid : il fut un maître de la mélopée bédouine ; le frère Nadjib : il verse dans le asri (moderne algérien) ; l’autre frère, Salah Moubarak : il est pianiste et surtout patron du label Aladin Le Musicien ; la sœur, Fella : elle est l’une des chanteuses les plus adulées du Liban. Mais, depuis quelques années, c’est l’autre sœur, Naïma, qui fait les beaux soirs des hauts lieux algérois. Celle qui débuta à l’âge de 10 ans au sein d’un orchestre féminin dirigé par sa mère sait ce qu’ambiancer veut dire. Revenue de loin après une terrible maladie, elle s’en est sortie grâce à la chanson, ne limitant pas son horizon à un seul genre. Voix entêtante sur refrains accrocheurs, Naïma maîtrise tous les styles, à commencer par le chaoui, ce souffle des Aurès au tempo grisant, et le hawzi. Elle est de toutes les réjouissances, comme autrefois les magnifiques m’samaât, ensembles exclusivement féminins qui veillaient sur la bonne santé festive des citadins algériens. Fédératrice et très portée sur les rythmes les plus fiévreux, elle est comme un sirocco qui embrase les joues et aiguillonne les hanches.

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