Terminé
07 février08 février 2003

Les mélopées du désert

Avec Badi Lalla (Hoggar) et Messaouda Daho (Gourara

Badi, reine du tindé

A la tête d’Isekta (souvenirs), une formation de onze musiciens, Badi Lalla, issue de Tamanrasset, la capitale du Hoggar (fin fond du Sud algérien), pratique le genre tindé, du nom d’un tambour qui, à l’origine, est un mortier en bois dont on se sert pour piler des aliments. Lors des veillées dans le désert, on l’utilise pour rythmer des chants, généralement interprétés par des femmes, mais auxquels les hommes peuvent prendre part. De cet ustensile de cuisine, aujourd’hui concurrencé par le jerrican, les dames des dunes tirent des timbres variés avec les mains. Celles qui ne chantent pas, sur fond de gamme pentatonique, soutiennent l’interprète avec des battements de mains sur lesquels se superposent les tintements de leurs bagues, dont le chaton volumineux contient quelques petites graines végétales sèches et sonne comme un hochet. Badi a modernisé le style en incluant des guitares électriques (influence du Mali voisin et de musiciens comme Ali Farka Touré), mais elle a gardé les lignes mélodiques traditionnelles.
Son groupe pratique également une danse, la khoumeissa, très appréciée dans la région du Tassili.

Messaouda, le chellali au coeur

Le chellali, un mode dérivé du genre appelé t’bel, est répandu dans le Touat, le Gourara et le Tidikelt. Le chant est exécuté par un ou une soliste, parfois deux, entourés d’un chœur et de percussionnistes au nombre de cinq ou six. Ces derniers usent d’un grand tambour posé au centre du cercle, sur lequel tapent le soliste et son ou ses accompagnateurs. Parfois, ils sollicitent d’autres musiciens qui jouent sur des aqellal (derbouka) de différents volumes.A l’instar de beaucoup de mélopées du Sahara, le chellali est chanté par des familles itinérantes d’agriculteurs, de commerçants ou d’éleveurs.
Messaouda Daho, native d’Adrar, est devenue chanteuse par nécessité. Obligée de subvenir aux besoins de sa propre famille et de ses neveux, après la disparition de son frère, elle se lance dans le chellali, un style qui met en avant ses qualités exceptionnelles d’interprète. Au point d’en être, actuellement, la meilleure représentante.