02 juillet 2025

Parlons Syrie! #3 : Art et culture, entre continuité et nouveaux défis

Explosion de joie à Richardson, Texas, après la chute du régime Assad, 8 décembre 2024.
Un libre espace de réflexion sur l'avenir de la Syrie
Parlons Syrie !

Avec le cycle “Parlons Syrie! Discussions sur un avenir commun”, l’Institut du monde arabe se propose d'ouvrir à la société civile syrienne un espace dédié à la réflexion libre sur l'avenir du pays, dont le format comble le fossé entre Syriens de l’extérieur et de l’intérieur, après des années où ce clivage a dominé les débats.

Depuis des décennies, l’effacement de la vie politique au Moyen-Orient a laissé un vide souvent comblé par la culture. Dans les années 2000-2010, une scène artistique indépendante a émergé, offrant des espaces d’expression plus libres que les cadres officiels. En Syrie, cette dynamique a été fortement entravée par la guerre. Aujourd’hui, alors que le régime d’Assad est tombé, une question centrale se pose : l’art et la culture devront-ils continuer à jouer le rôle de substitut à une véritable vie politique ?

La répression et la violence ont contraint de nombreux artistes à l’exil, provoquant une rupture entre ceux qui sont partis et ceux restés sur place. Le régime a continué d’instrumentaliser la culture, tandis que la vie artistique s’est partiellement repliée à Damas. Le paysage culturel syrien reste morcelé, tiraillé entre exil et territoire, espoirs et désillusions, dans un contexte de violences persistantes.

Quelles sont aujourd’hui les marges de liberté pour les artistes et intellectuels syriens ? Les politiques culturelles et les institutions publiques, encore marquées par l’héritage des Assad, connaîtront-elles une véritable évolution ? Faut-il s’attendre à des tensions générationnelles, intellectuelles, voire esthétiques, entre ceux qui ont quitté le pays et ceux qui sont restés ?

Quel rôle la culture peut-elle jouer dans la reconstruction du pays et dans la construction d’une mémoire et d’une identité syrienne plurielle, affranchie des récits dominants ou fantasmés ? Autant de questions que nous poserons ensemble — sans doute pour en faire émerger bien d’autres. 

 

  • Discussion introduite par Jumana Al-Yasiri, curatrice et chercheuse indépendante, spécialiste des scènes artistiques du Proche-Orient. Ses travaux portent sur la culture dans les soulèvements arabes, les diasporas artistiques, l’exil et la mémoire en temps de guerre, notamment à travers l’œuvre d’Etel Adnan. Elle a également traduit en français plusieurs pièces de théâtre contemporain syrien, libanais et palestinien.
  • Modération : Dunia Al-Dahan