Rencontres & débats

Colloque Jean Genet et la Palestine

Dans le cadre de « Ce que la Palestine apporte au monde »
  • 18 Novembre 2023
Colloque Jean Genet et la Palestine

Ce premier colloque international dévolu à la très singulière relation nouée par Genet avec le peuple palestinien interroge les différents sens que peut revêtir l’expression « être chez soi » dans la bouche d’un écrivain sans famille ni patrie et qui n’a jamais revendiqué d’autre titre que celui de « vagabond ». 

Avec le concours de l'Institut des mémoires de l'édition contemporaine (IMEC)

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Marc Trivier, Portrait de Jean Genet, 1985, Rabat. Don de l’artiste, collection du Musée national d’art moderne et contemporain de la Palestine. MNAMCP, Marc Trivier/Nabil Boutros

Je ne me suis jamais cru Palestinien, cependant j'étais chez moi, écrit Jean Genet dans l'une des notes inédites qui figurent dans l'exposition présentées par l’IMEC à l'Institut du monde arabe, Les Valises de Jean Genet.

Ce premier colloque international dévolu à la très singulière relation nouée par Genet avec le peuple palestinien interroge les différents sens que peut revêtir l’expression « être chez soi » dans la bouche d’un écrivain sans famille ni patrie et qui n’a jamais revendiqué d’autre titre que celui de « vagabond ». 

La rencontre, qui se clôturera par une table ronde et rassemblera universitaires, écrivains, historiens, artistes, témoins et proches de Genet, évoque à la fois l’étonnant parcours biographique d’un auteur qui aura passé plus de deux ans dans les camps palestiniens, le témoignage bouleversant qu’il a donné en janvier 1983 au lendemain des massacres de Sabra et Chatila et l’ultime chef d’œuvre romanesque, paru au lendemain de sa mort, Un captif amoureux, par lequel il a clos l’ensemble de son œuvre littéraire sur ses souvenirs palestiniens. C’est la nature particulière d’un engagement qui ne ressemble à aucun autre et qui aura produit l’une des plus fascinantes machinations politico-littéraires du XXe siècle qui seront au cœur de ce colloque.

 

Programme

 

Ouverture du colloque - 10h30  

Mot d'accueil de Jack Lang et Leila Shahid - Présentation de la journée par Albert Dichy

 

Séquence 1 | Politique du témoin
11h - 12h45 

Modération Albert Dichy

  • 11h - Elias Sanbar | Jean Genet en un pays hors-les-murs
    Elias Sanbar est historien et écrivain, ancien ambassadeur de la Palestine à l’Unesco et rédacteur en chef de la Revue d’études palestiniennes. Il est commissaire général de l’exposition « Ce que la Palestine apporte au monde à l’IMA ».
  • 11h30 - Sandra Barrère | Jean Genet à Chatila, un témoin particulier
    Sandra Barrère est chercheuse associée à l’équipe Plurielles, Université Bordeaux-Montaigne. Elle a publié Une histoire tue : le massacre de Sabra et Chatila dans l’art et la littérature (Garnier).
  • 12h15 - Manuel Carcassonne | Jean Genet : l’ultime retour Cendres et renaissance
    Directeur général des Éditions Stock, journaliste, critique et écrivain, Manuel Carcassonne est l'auteur du Retournement (Grasset) et prépare un ouvrage sur l’année 1982 au Liban.
Séquence 2 | Entre fiction et histoire 
14h30 - 16h

Modération : Sandra Barrère

  • 14h30 - Projection de deux brefs extraits de Morts pour la Palestine (1974), film inédit de Mamoun Al-Bunni, avec intervention de Jean Genet. 
    Présentation par Marguerite Vappereau, maître de conférence à l’université Bordeaux-Montaigne en études cinématographiques, auteure d’une thèse sur le cinéma de Jean Genet.
  • 15h - Patrice Bougon | Jean Genet et les Palestiniens : amitié et écriture de l’histoire
    Patrice Bougon est président de la Société des amis et lecteurs de Jean Genet, ancien maitre de conférences à l’université d’Iwate et professeur contractuel à Paris-Denis Diderot.
  • 15 h 30 - Mairéad Hanrahan | Un captif amoureux, une écriture de mousse et de lichen
    Professeur de littérature française à University College London, Mairéad Hanrahan a publié Genet’s Genres of Politics (Legenda) et Lire Jean Genet, une poétique de la différence (Presses universitaires de Lyon et Montréal).
Séquence 3 | La dernière œuvre
16h30 - 18h30

Modération : Mairéad Hanrahan

  • 16h30 - Melina Balcázar | De la joie : Jean Genet en Palestine (en visioconférence)
    Maîtresse de conférence à El Colegio de Mexico, Melina Balcázar est l'auteure de Travailler pour les morts. Politiques de la mémoire dans l’œuvre de Genet (Presses Sorbonne nouvelle).
  • 17h - Albert Dichy | Comment traverser la frontière ?
    Albert Dichy est directeur littéraire de l’IMEC. Il a coédité le Théâtre complet de Jean Genet dans la Pléiade (Gallimard) ; il est commissaire de l’exposition « Les Valises de Jean Genet » à l’IMA.

Jean Genet, la Palestine, le monde

19h
Table ronde et lectures 

 

Avec :

  • Leila Shahid, Ancienne déléguée générale de Palestine en France et ambassadrice de la Palestine auprès de l’Union européenne. Elle fut une proche amie de Jean Genet.

  • René de Ceccatty, romancier, essayiste, dramaturge et traducteur, pécialiste de Pier Paolo Pasolini, Alberto Moravia et Elsa Morante.
  • Hadrien Laroche, écrivain et diplomate, auteur de Le dernier Genet. Histoire des hommes infâmes (Le Seuil). Il est actuellement attaché d’action et de coopération culturelle à Toronto. 

  • Kadhim Jihad Hassan, poète, traducteur de Un captif amoureux en arabe, professeur de littérature arabe classique à l’INALCO. 

Lectures d'extraits de textes de Jean Genet par Farida Rahouadj, comédienne française d’origine algérienne. Elle joue dans les Paravents de Jean Genet (mise en scène Arthur Nauzyciel, à l'Odéon Théâtre de l'Europe en mai 2023)

Projection d’un extrait de Jean Genet, entretien avec Antoine Bourseiller (1981), collection Témoins Écrire.

 

Un captif amoureux

Un Captif amoureux

"Avant d'y arriver, je savais que ma présence au bord du Jourdain, sur les bases palestiniennes, ne serait jamais clairement dite : j'avais accueilli cette révolte de la même façon qu'un oreille musicienne reconnaît la note juste. Souvent hors de la tente, je dormais sous les arbres, et je regardais la Voie lactée très proche derrière les branches. En se déplaçant la nuit, sur l'herbe et sur les feuilles, les sentinelles en armes ne faisaient aucun bruit. Leurs silhouettes voulaient se confondre avec les troncs d'arbres. Elles écoutaient. Ils, elles, les sentinelles. [...] Dans une tragédie de Shakespeare des archers tirent des flèches contre le ciel et je n'aurais pas été surpris si des feddayin d'aplomb sur leurs jambes écartées, mais agacés par tant de beauté en forme d'arc s'arrachant à la terre d'Israël, eussent visé et tiré des balles contre la Voie lactée, la Chine et les pays socialistes leur fournissant assez de munitions pour faire dégringoler la moitié du firmament. Tirer des balles contre les étoiles cependant qu'elles sortaient de leur propre berceau, la Palestine ?"

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