
C’est un cas atypique dans l’univers parfois uniformisé du flamenco, et l’une de ses personnalités les plus singulières : « José Dominguez Muñoz, “El Cabrero” (le chevrier), écrit à son sujet Francis Marmande dans les colonnes du Monde, répond de son nom d’artiste à son office : il garde les chèvres dans son village natal d’Aznacollar, province de Séville. Depuis ses débuts (1970), le Cabrero n’a changé ni de silhouette ni de ligne. Chapeau et boots de western spaghetti, barbe courte, chemise et jean noirs, T-shirt carmin, foulard vermillon, il commence tête inclinée vers la terre, lance une voix terrible, et bientôt chante avec ses bras, ses mains, ses ongles. Renversant au passage micro, pied, chèvres, cochons, poulets. Micro qu’il réinstalle à la diable, non sans avoir terrifié un petit technicien accroupi. Après quoi, il fi nit par planter l’engin sur sa chaise, et lui debout : “Agua !”[…] Le Cabrero échappe à tous les clichés. Il prolonge, dans les formes les plus classiques, avec ses mots à lui, ses mots de tous les jours, le hurlement des sans-abri et celui des sans-terres. Il chante pour eux. Non pas vers eux, mais à leur place, en lieu et place de ceux qui n’ont pas de voix, pas voix au chapitre. »