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L’École calligraphique de Bagdad

Quand l’innovation révèle le geste d’un maître

À Bagdad, berceau de la calligraphie, l’«art de la ligne» s’est transmis de maître à élève du IXe siècle jusqu’à nos jours. Le dernier représentant, Ghani Alani, incarne aujourd’hui la perfection au sein de cette école calligraphique. La codification des différents styles repose sur une transmission exigeante où seul le disciple «parfait» a le droit et le devoir d’innover lorsqu’il a reçu une ijaza (autorisation de transmettre) de son maître. Si certaines traditions sont aujourd’hui très vivaces et bien représentées, d’autres, sont parfois menacées de disparition.

La calligraphie arabe, l’« art de la ligne », est un héritage précieux transmis de maître à élève au sein de la civilisation arabo-musulmane. Au cœur de cet art se trouve l’école abbasside de Bagdad, dont le dernier représentant, Ghani Alani, incarne la perfection et l’innovation dans cet art séculaire.

Au fil des siècles, la calligraphie arabe s’est enrichie de nouveaux styles, devenant un langage universel au croisement des cultures, d’al-Andalus jusqu’à l’Asie. La codification des écritures arabes, qu’elles soient persanes, ottomanes ou africaines, repose sur une transmission exigeante où seul le disciple parfait a le droit et le devoir d’innover lorsqu’il a reçu une ijaza (licence) de son maître. Aujourd’hui, certaines écoles d’excellence, parfois menacées de disparition, peuvent trouver une nouvelle vie grâce à l’innovation technologique.

C’est dans ce cadre qu’intervient le projet IDEM (Identification des écritures médiévales), piloté par Maria Gurrado de l’IRHT, qui révolutionne la préservation du geste au moyen d’un numériseur gestuel. Cet outil innovant capture non seulement la trace écrite, mais aussi le mouvement du calame dans l’air, offrant une modélisation en 3 et 4D. Ghani Alani sera le premier artiste-calligraphe dont le geste sera sauvegardé grâce à cette technologie en 2025.

Pour célébrer cet événement historique et à l’occasion de la journée mondiale de la langue arabe en 2025, l’Institut du Monde Arabe s’associe à l’IRHT pour une expérience immersive et éducative:

  • une table ronde (programme) : Ghani Alani échangera avec des experts sur la spécificité de l’école calligraphique de Bagdad et son avenir, entre tradition et innovation ;
  • une exposition interactive« Ghani Alani, le gardien du geste » réalisée par Giuseppe Gurrado, avec la présentation, pour la première fois, de sculptures en 3D de gestes de Ghani Alani, issus d’une modélisation numérique associée à la restitution sonore de ses tracés, accessible au niveau 1 de la bibliothèque de l'IMA du 12 au 31 décembre 2025.
  • la projection en avant-première de « Ghani Alani, pèlerin du calame », court métrage de Jérémie Basset, réalisé en 2025 sur Ghani Alani, afin de révéler l’héritage et l’influence de la tradition unique de sa calligraphie.

Cet événement qui met en lumière la synergie entre tradition et innovation, prouvant que l’art du passé peut continuer à inspirer les technologies du futur viendra en soutien du dépôt de candidature, auprès de l’UNESCO, de l’École calligraphique de Bagdad, à la liste du patrimoine immatériel nécessitant une sauvegarde urgente.

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