
Dans le Golfe, les arts au féminin, mixtes dans certains cas, comprennent divers genres comme l’allègre al-dazza, lié aux saisons des mariages, le nostalgique dagg al-habb (littéralement : piler le grain, une activité qui n’existe plus), la chanson populaire à grande audience ou la complainte maritime, sans oublier le chant sacré. Tous ces styles s’interprètent à l’occasion des célébrations de noces, où sont engagées, de plus en plus, de nombreuses vedettes de la variété locale.
Au Qatar, le genre le plus en vue se nomme mourâdâ et perpétue un répertoire très ancien et typiquement féminin. Il se pratique, dans les résidences privées, à l’occasion des fêtes (mariage, circoncision, naissance...) et sur le rivage lors de l’accueil d’un mari, d’un fils ou d’un parent de retour d’une longue traversée. Les femmes, parées de leurs plus beaux atours, un magnifique bouquet de fleurs juché sur la tête, chantent leurs retrouvailles en solo et à l’unisson et complimentent, avec de jolis vers, les êtres aimés. Ces chants de bienvenue sont particulièrement appréciés.
Tout autant le sont les airs marins entonnés par des groupes masculins, rassemblant marins au long cours, capitaines courageux et une nouvelle génération qui n’a jamais ciré le pont d’un navire ni plongé dans les flots, à la recherche de ces perles que les Sumériens appelaient « les yeux de la mer ». D’une surprenante beauté, leurs chants se veulent surtout un hymne à la mer nourricière. Initialement, la fonction de ces arts maritimes n’avait pas pour but de distraire ou de divertir, mais d’encourager ceux qui manoeuvraient les bateaux ou nageaient jusqu’au plus profond des eaux pour traquer la perle rare. De nos jours, ce que l’on appelle fdjirî, et dont les caractéristiques, à quelques nuances près, sont communes à tous les Etats du Golfe, est devenu un courant populaire au répertoire repris par des jeunes fascinés par sa rythmique et ses mélodies.