Terminé
11 juin 2004

La transe du Caire

Avec Mazaher

Le groupe Mazaher représente la musique et les chants d’un rituel afro-égyptien de possession et de pacification des esprit dénommé zâr. Les musiciens, majoritairement des femmes, nous invitent à la découverte d’une tradition cairote qui consacre un métissage arabo-africain d’une grande diversité, à travers les textes mais aussi les mélodies. L’origine de la cérémonie demeure encore au stade des hypothèses, partagée entre la théorie des esclaves éthiopiens amenés à l’époque de Mohamed Ali et celle remontant la naissance du zâr au temps des pharaons. Le zâr est présent en Egypte, mais également au Soudan, en Ethiopie, en Somalie, dans le golfe arabique, en Irak et en Iran. Il a pour but la guérison de maladies infligées par les " mauvais esprits ", mais il garde aussi un aspect fortement religieux à travers le culte et la vénération des saints, sans pour autant se rattacher à une seule religion, les adeptes pouvant donc être ou de confession chrétienne ou musulmane. De plus, ce cérémonial original ne s’inscrit pas dans la tradition soufie comme c’est souvent le cas dans de nombreux rites de possession en vigueur dans l’aire culturelle arabe.
De nos jours, le zâr comporte trois styles, à commencer par le saïdi, joué exclusivement par des femmes sur fond de percussions mazhar (sorte de tambour circulaire et sur cadre, avec une corde vibrante au milieu) et derbouka. Il y a ce que l’on nomme abu-l-gheyt, monopolisé par les hommes, à l’interprétation très proche de celle des madih (hymnodes) soufis. Enfin, on évoquera les adeptes de la fameuse tambura, du nom d’une grande lyre très vivace dans la corne de l’Afrique, aux chants intégrant des mots de différentes langues africaines et une mélodie basée sur une échelle pentatonique.
Les musiciens du groupe Mazaher nous feront partager la tradition musicale du zâr cairote à travers le saïdi et la tambura. Un moment exceptionnel quand on sait qu’en Egypte, il ne reste plus que seize personnes à pratiquer cette musique ancestrale.

D’après Ahmed Al Maghrabi