Terminé
16 mai17 mai 2003

Le souffle cosmopolite de Kenadsa

Kenadsa, cité proche de la métropole Béchar, a été la première ville houillère, à ciel ouvert, du sud-ouest algérien, mais aussi la place-forte d’une confrérie mystique. On y vient donc, parfois de loin, pour chercher un emploi dans les mines ou pour visiter la zaouïa, fondée par Sidi El Hadj Ben Ahmed. La musique, pratiquée dans cette cité cosmopolite, s’est enrichie de divers apports, issus du Maroc voisin (le célèbre chanteur Hocine Slaoui y a travaillé comme mineur), de Tlemcen, berceau du hawzi (chant des faubourgs populaires), d’Alger qui y a déposé son chaâbi (populaire citadin de la casbah) et des soufis locaux.
L’ensemble, connu sous le nom de Ferda – qui désigne également le genre de musique à l’honneur sur l’axe Kenadsa-Béchar – est formé par quinze musiciens, dont une femme au chant. Larbi Besmati, gardien de mairie dans le civil, en est la voix principale ; il officie également au luth. Il tient son héritage musical d’une arrière-grand-mère qui interprétait du ferda, en s’accompagnant d’une galla, percussion en forme de cruche. Larbi, un habitué des fêtes du diwân, a d’abord été joueur de tumba, de bendir et de crotales (qraqeb). Traditionnellement, seuls des instruments de percussion, comme le târ (tambourin pourvu de cymbalettes), la taâridja (petite derbouka) ou le mahraz (pilon) ponctuaient le chant. Sur fond de percussion, un tambour découpé dans un fût métallique sur lequel on tape avec une mule ou une savate, le groupe pratique sa musique, comportant les variantes citées, avec des instruments plus modernes comme le violon, la mandole, le banjo ou la mandoline. Toutefois, la principale source d’inspiration des quinze musiciens de la Ferda reste, incontestablement, la mémoire des anciens.