Terminé
28 octobre 2005

Romances tunisiennes

avec Abir Nasraoui

Le voyage du maqâm fait une halte en Tunisie, qui a trouvé en la talentueuse Abir Nasraoui la relève de la chanson contemporaine. Elle fait partie de ces jeunes talents que l’IMA participe à faire connaître et continue de soutenir pour leur générosité sur scène. Jeune femme à la tête bien faite et bien pleine – elle prépare actuellement une thèse d’ethnomusicologie à la Sorbonne –, Abir trouve le temps de parfaire son art et de se produire sur des scènes prestigieuses comme celles de l’opéra du Caire ou du festival de Carthage. Sa maîtrise du chant et sa fraîcheur ont fait venir à elle de jeunes artistes de l’avant-garde tunisienne pour la création du répertoire de son tout premier album: la poétesse Leila Mekki et le compositeur Skander Guetari. Elle donnera la primeur de cette fructueuse collaboration aux spectateurs des Musicales.

Née voici presque trente ans à Kasserine, dans le centre de la Tunisie, au sein d’une famille éprise de chant, Abir a contracté le virus de la musique dès l’âge de quatre ans. Tout en effectuant des études à l’université, elle suit une formation à l’Institut supérieur de musique, renforcée par des cours dans un conservatoire privé. Chanteuse et violoniste, elle brille vocalement au sein de différentes chorales de son école. Plus tard, elle intègre le groupe populaire tunisois Taqassim, formation exclusivement féminine dirigée par Ismahène Chaâri, et s’y distingue par ses apparitions en solo. Récompensée par de nombreux prix, elle a été définitivement révélée par le festival de la Médina de Tunis. Ce n’est donc pas au hasard qu’elle doit d’avoir chanté au côté de grands noms de la musique arabe tel le luthiste irakien Naseer Shamma. Loin de se limiter à l’interprétation du répertoire d’Oum Kalsoum, au tarab et à la musique traditionnelle, elle a pris une nouvelle direction avec un registre qui lui est propre. En grande admiratrice d’Hedi Jouini et de Saliha, elle fait le choix d’une musique bien éloignée des variétés actuellement à la mode, et nous donne à entendre une ode au mariage, entre tradition et modernité, qui ouvre la voie à de nouveaux horizons prometteurs.

Le franc-parler de Leila Mekki, qui revendique le droit de crier le mal d’aimer et dont le verbe engagé oscille entre soumission et révolte, s’associe à la musique métissée de Skander Guetari, qui revisite les mélodies de son pays, offrant un écrin à la mesure du timbre puissant, mutin et sensuel de la voix d’Abir. L’oreille et le coeur du public seront comblés d’émotions et de romances, et accompagnés tout au long du voyage par les images et les fragrances du terroir de Kasserine.