Terminé
26 novembre 2011

Le phénomène Nass el-Ghiwane

avec le groupe Nass el-Ghiwane

Au début des années 1970, une vague musicale puisant au retour à la culture populaire marocaine la plus profonde transforme radicalement le paysage musical du pays. Les auteurs de cet irrésistible courant : cinq garçons ayant grandi ensemble à Casablanca, qui se destinent d’abord à une carrière de comédiens de théâtre avant de décider un beau jour de former un groupe musical. Ils se baptisent Nass el-Ghiwane, du nom d’une ancienne confrérie religieuse. Ils optent pour des instruments traditionnels : le s’nitra (banjo sans frettes), le gumbri (basse acoustique utilisée dans la musique gnawa du Sud marocain), le bendir et la tbila, percussions jusqu’alors uniquement utilisées par les paysans. Leurs chants : des chœurs puissants poussés à l’unisson qui font revivre la poésie orale, les proverbes et les dictons populaires, avec des mots réactualisés, un discours semi-direct et métaphorique en arabe dialectal qui pose tous les problèmes de la société contemporaine, laissant le soin à l’auditeur de chercher el-ma’na (le sens du mot). De fait, Nass el-Ghiwane ensorcelle littéralement la jeunesse marocaine.

Après la disparition de Boudjemaâ, puis celle de Larbi Batma et le départ des autres membres historiques comme Paco et Allal, les fab four chérifiens encensés par le réalisateur américain Martin Scorsese (il avait intégré un de leurs chants dans son film La Dernière Tentation du Christ) se sont reformés autour du dernier survivant de l’épopée, Omar Sayyed. La force de frappe est restée intacte et les chansons, toujours aussi ancrées dans la réalité sociale.