
Shemm en nassim, que l’on peut traduire par « senteur de brise », c’est cette dérive dans le temps, au long du large fleuve Nil quand il rythmait encore le cycle du vivant. Au souffle de cette brise qui transportait alors les effluves embaumées d’une nature renaissante, j’ai laissé remonter en moi les images des temps les plus anciens.
Comme autant de traces d’une mémoire et d’émotions enfouies, ces images viennent alimenter l’élan d’une écriture chorégraphique nouvelle portée par les sonorités profondes et ancestrales du compositeur Georges Kazazian (Nil sangit).
La thématique du programme, dont la progression s’articule autour de la symbolique du printemps et du cycle du vivant, n’est en fait que la métaphore du processus de création et de l’histoire même de la Compagnie, dont je suis l'âme. Ou comment en d’autres termes laisser émerger une écriture du XXIe siècle, résolument contemporaine, à partir d’un héritage, d’une tradition de danse et d’images ancestrales.
Le paysage musical de Georges Kazazian s’impose ici comme la trame de ce voyage chorégraphique. C’est comme si la singularité de ses compositions faisait jaillir le mouvement dans une totale adéquation visuelle et sonore.
Du début à la fin du programme, la percussion live d’Ibrahim El Minyawie s’insère tout naturellement dans le tissu chorégraphique, donnant aux moments de connivence entre danseurs et musiciens le caractère exclusif et vibrant de l’improvisation.
Tout en s’inspirant des formes traditionnelles, avec des matières naturelles et organiques, les jeunes stylistes Habib Alaoui et Chantal Fortin ont créé des costumes originaux pour soutenir au plus près les qualités plastiques et esthétiques de cette nouvelle expression de danse.
Marie Al Fajr