
A travers plusieurs siècles, l’Egypte a préservé la vigueur de la célébration de ses saints, les mouled, introduits par les Fatimides. Au cœur de ces derniers, il y a le zikr et l’inshâd. Le zikr est pratiqué dans les hadra (séances) et est organisé par les confréries soufies. Principal rituel qui consiste à répéter ensemble, et en rythme, les noms de Dieu, en s’accompagnant de mouvements corporels. Il comprend également l’inshâd, louanges de Dieu, du Prophète et des saints. Il est très rare que des instruments musicaux trouvent leur place lors de ces rituels, tout au moins, jamais dans une mosquée, car de plus la transe y est formellement interdite.
Dans les mouled, en revanche, ces séances revêtent un caractère populaire. Ces layâlî (nuits) se déroulent autour du mausolée d’un wâly (Saint). Le mouled ressemble à un carnaval où musiques, lumières, bruits habillent et habitent le lieu sacré. Ici, le mounchid (hymnode) devient le maître, il veille au bon déroulement de la nuit et choisit les poèmes qu’il va chanter et la musique que le takht va jouer (petit ensemble d’instruments musicaux formé du nây (flûte), de la tabla (tambourin) et du mizmâr (espèce de clarinette). Autour du mounchid, se rassemblent les darawich (disciples soufis) qui recherchent l’élévation de l’âme en pratiquant le zikr. La nuit de zikr sera animée par le groupe musical soufi El-Sâha El-Mohamadeyah, accompagné de darawich qui pratiqueront le zikr sur scène. La nuit commencera avec Cheikh Gouda qui chantera les werd (poèmes et prières) du grand maître El-Refaï. Les darawich répèteront ces werd derrière le cheikh et ceci les préparera pour le voyage spirituel. Le spectacle sera animé par quatre mounchid : Cheikh Sayed Assr, grand maître de la chanson traditionnelle du Delta et de la chanson soufie. Il a un style bien particulier, très personnel qui émeut son public. Mohammad Seyam s’est voué au chant sacré dans les mouled et il a appris la psalmodie auprès de son maître Mohamed Abdel Ghany. Sa voix chaude touche les cœurs au plus profond. Depuis 22 ans, Cheikha Sabah chante les poèmes soufis d’Al-Gilly, d’Ibn Fâridh et d’Ibn Arabi. Une voix forte mais chaleureuse, belle et bouleversante, pleine d’humilité qui sait mêler la psalmodie et l’inshâd. Née en 1957 à Dakahleya, elle apprend le Coran et la psalmodie, pour se consacrer finalement au chant sacré. Elle est remarquée par la télévision, la radio, et sa voix servira également au doublage de films musicaux. C’est ainsi que la carrière de Sabah va commencer. Cependant, la musique arabe classique qui l’accompagne va retrouver au fil du temps celle des mouled et des nuits de zikr. Elle ne quittera plus cette scène où les chansons d’amour font place aux chants sacrés et aux louanges à Dieu. Enfin,Alewa, né et vivant à Assiout (ville au sud de l’Egypte) s’est profondément intéressé au chant religieux. Son répertoire est riche de poèmes soufis que sa voix, unique, fait vibrer.