Terminé
14 juin 2006

La mélodie du sawt

Ce style vocal citadin, en vigueur à Bahreïn (lire plus loin) et au Koweït, a été qualifié de genre dominant dès les premiers siècles de l’islam dans divers recueils de littérature arabe, dont le fameux Livre des chants d’Abû al-Faraj al-Isfahânî. Le sawt se pratique entre amoureux du chant lors de séances privées nommées samra, ainsi que lors des fêtes de mariage ouvertes au plus grand nombre. La samra possède des traditions esthétiques dont ne s’écarte quiconque ayant une profonde connaissance des arts. Elle commence par un sawt du genre dit ‘istimâ’ (écoute méditative), suivi d’un sawt dit «arabe» ; après quoi se succèdent différents genres, la cérémonie s’achevant sur un sawt du genre khatm (final) relevant de la poésie légère et plutôt comique ou d’invocations étoffées de conseils.
Les différents types de sawt sont accompagnés d’instruments de percussion particuliers comme le mirwâs, tambour cylindrique à deux peaux de petite taille, que l’exécutant tient de la main gauche au niveau de sa poitrine et qu’il frappe de la main droite. Le chanteur est traditionnellement accompagné du oud et, parfois, de nos jours, d’un violon ou d’un qanoûn, le tout soutenu par les claquements de mains des keffafa et ponctué, dans certaines occasions, par une danse nommée zaffân exécutée par deux zaffânîn.
En général, le chanteur commence par une improvisation sur le luth arabe, marquée par la répétition des mots Yâ lâl, yâ lâl ou Yâ lîl, yâ a’în, à l’instar des chanteurs du reste du monde arabe, dans l’intention probable de prédisposer à l’attention, et fait suivre ce prélude de quelques vers d’un poème classique ou dialectal (nabatî) ou d’un mawwâl de sept vers.
Cette partie, qui a pour nom ‘istihlâl (préambule) ou tahrîr (libération), est considérée comme l’introduction du sawt proprement dit. Le chanteur procède ensuite à la mise en condition des joueurs de mirwâs en effectuant quelques frappes sur la caisse du oud, puis chante jusqu'à la partie finale du sawt, la tawshîha, répétée, avec le chanteur, par l’assistance tout entière. Succèdent à la tawshîha des improvisations solistes au luth ou autres instruments accompagnateurs.
Ce sera le cas lors de ce concert avec l’ensemble Hamad bin Hussein, dont le sawt, tout en finesse est apprécié tant dans son pays natal que dans d’autres pays arabes.