Terminé
01 décembre 2012

La lyre enchantée de Port-Saïd

avec le groupe El Tanbura

Sur la rive gauche du canal de Suez, Port-Saïd, zone franche, et sanctuaire depuis les années 1930 de la simsimiyya, lyre aux origines troubles. Mais en Egypte, tout remonte toujours aux pharaons, et l’instrument préféré des pêcheurs du port méditerranéen et des ouvriers du canal est forcément antique, donc chargé de cinq mille ans d’histoire et de légendes. Tombée progressivement dans l’oubli, la simsimiyya a été ressuscitée par El Tanbura de Port-Saïd, qui en a fait son instrument de prédilection, tissant sur ses cinq cordes des mélodies populaires parmi les plus anciennes du pays.

C’est grâce à l’obstination d’Ahmed Zakaria, qui a convaincu quelques anciens praticiens du genre, retirés de la scène, de transmettre leur savoir à des jeunes enthousiastes pour former en 1989 El Tanbura, où se mélangent deux ou trois générations de maîtres musiciens et de chanteurs, des pêcheurs et des philosophes, des commerçants et des maçons, des galabiya et des jeans, des fez et des casquettes de base-ball. La simsimiyya est entourée de ney et de percussions pour jouer des airs envoûtants où se mêlent inspiration soufie et thèmes profanes. Les débuts n’ont pas été faciles, le groupe étant alors raillé par l’élite musicale de Port-Saïd. Mais la musicalité contagieuse des premiers spectacles est bientôt parvenue à convaincre, ses rythmes arrivant jusqu’au Caire avant que, en 1996, la réputation d’El Tanbura n’atteigne Paris où l’IMA produisit le premier disque international du groupe. El Tanbura chante l’amour, la spiritualité, la résistance, la nostalgie, la douleur, les petits bonheurs du quotidien alors que la musique fusionne magie et rêverie.