
Pendant dix ans, de 2012 à 2022, Valentine Sergo s’est rendue deux ou trois fois par an en Palestine pour y mener des ateliers d’écriture et de théâtre avec des publics variés, en collaboration avec différentes associations et structures ; elle a aussi collaboré à des projets sociaux-culturels israélo-palestiniens. C’est son propre rapport à la Palestine, celui d’une femme occidentale, que raconte Tatrïz. Une histoire qu’elle a longtemps tue, au plus secret d’intimités brutalisées par les diktats de la géopolitique et des guerres.
Synopsis
Le mot arabe tatrïz signifie « broderie ». La broderie palestinienne est célèbre dans tout le monde arabe…
Une auteure est sur scène, en train d’écrire le spectacle que le public s’apprête à voir. Elle donne des mots à ses personnages : une femme, l’homme qu’elle aime et qui vit dans une zone de conflit, la grand-mère – la mère de cet homme –, qui surgit bientôt dans ses pages. Réalité de l’auteure et fiction de son écriture s’entremêlent en direct sur scène. La situation politique paroxystique du pays modèle l’intimité de ces trois personnes de générations et de cultures différentes.
Comment les corps et les esprits s’en trouvent-ils radicalement bouleversés ?
Comment les décisions politiques des super-puissances impliquent-elles la destruction, non seulement du territoire dans son acception géographique, mais aussi celle des territoires psychiques et sentimentaux de plusieurs générations ?
Le texte est un va-et-vient entre parole écrite et parole dite, une alternance de dialogues, de monologues, de sms, de messages vocaux, de visioconférences, de textes-poèmes. Comme pour plonger les lecteurs-spectateurs dans le flot d’émotions de ces femmes et de cet homme, comme pour tenter de raconter les guerres, les déracinements, les renoncements, les impossibilités, mais aussi les joies et les espoirs.
Tatrïz (2024), texte écrit avec le soutien de la Chartreuse de Villeneuve-lez-Avignon, le Centre national des écritures du spectacle, et en résidence aux Maisons Mainou (Vandœuvres, Canton Genève). PRIX SACD 2024 des Dramaturgies Francophones. Lauréat de l’aide à la Création ARTCENA, novembre 2024
Le texte n’était pas encore achevé. Puis il y eut le 7 octobre 2023 : la situation politique là-bas n’avait plus rien à voir avec celle pendant laquelle le texte avait commencé à s’écrire, en 2022. J’étais bouleversée, sans souffle, sans voix, avec cette question : puis-je encore l’écrire ? Mais ce texte ne raconte pas une situation politique, même s’il en parle. C’est l’histoire d’amour d’une femme occidentale, d’un homme de là-bas – des Territoires palestiniens de Cisjordanie – et de la mère de cet homme. Un triangle amoureux et affectueux.
Tatrïz plonge dans cette matière en tentant d’éviter l’écueil du jugement ou de la condamnation.
Ce texte dit ce qui a été enlevé à ces trois personnes. Chacun sur son continent, ils semblent éloignés, mais ils sont en réalité très proches, dans ce que le bouleversement du monde a modelé de leurs renoncements et broyé de leur intimité.
Ce qui s’écrit dans Tatrïz part de la Palestine, mais résonne avec tant d’autres histoires, tant d’autres destins.
Valentine Sergo
Avec :
- Valentine Sergo, autrice, comédienne, metteure en scène
L’écriture de Valentine Sergo s’inspire des différents mondes qu’elle côtoie, notamment dans les ateliers qu’elle mène auprès de diverses populations et communautés : femmes migrantes, malades chronique physiques et psychiques, adolescents, étudiants, demandeurs d’asile. Elle a également mené ce type d’atelier en Palestine, à Madagascar et à Cuba.
Ses derniers spectacles, Chaos (2021) et Cœurs battants (2023), tous deux édités chez Lansman Éditeur, ont été créés à Genève. Combattre des monstres (2025) entremêle trois récits d’enfances outragées. En cours d’écriture : Le Sac de piscine, son premier texte pour enfants. - Wissam Arbache, comédien, traducteur, metteur en scène
Wissam Arbache est engagé dans un travail qui relie théâtre, poésie et musique. Il a monté Le Château de Cène de Bernard Noël, Le Cid de Corneille et Murale de Mahmoud Darwich, spectacle bilingue en français et arabe. Lauréat de la Villa Médicis hors les murs pour ses recherches sur le théâtre au Moyen-Orient, il a séjourné en résidence à Damas et à Beyrouth, où il a créé la première mise en scène de Rituel pour une métamorphose de Saadallah Wannous. À Paris, il conçoit le cycle Le poème, terre de la langue arabe à l’Odéon et dirige des lectures à l’Institut du monde arabe. Traducteur de Waël Kadour et de poètes arabes, il a aussi travaillé comme acteur avec Olivier Py, Denis Guenoun ou Fabrice Melquiot. Passionné par la musique, il collabore à plusieurs opéras et met en scène Robert le diable à l’Opéra national de Bulgarie. - Laure Hirsig, metteure en scène et dramaturge
Diplômée de l’école Estienne (Paris) en gravure et de l’ICART en Histoire de l’art, Laure Hirsig développe une pratique théâtrale centrée sur la mise en scène, la dramaturgie et les collaborations artistiques. Avec sa compagnie, la Cie du Squale, elle présente ZONE, inspiré de Calaferte et Vesaas, au Théâtre St-Gervais-Genève en 2026. Elle y avait déjà créé Requin de Bertrand Belin en 2023, présenté ensuite en tournée. En 2021, elle met en scène Direction Critorium de Guy Foissy pour la cie laktosefrei, et en 2018, elle collabore à Les Rebelles avec Garance La Fata. Comme dramaturge, elle travaille avec des compagnies romandes et à Paris avec Gabriel Dufay pour Fracassés (2018) et Colère noire (2021). Depuis 2022, elle coréalise le fanzine Ash avec Vincent Coppey. Parallèlement, elle écrit pour comedien.ch, ainsi que pour les programmes de la Comédie de Genève, du festival Antigel et de plusieurs théâtres romands.
