Terminé
27 avril28 avril 2007

Flamenco : De Acordes Dos

Le flamenco, dit cante jondo, combine en fait cinq arts : le cante, primordial, la guitare, la danse, les palmas (mains frappées autour du cercle) et les coplas (poèmes populaires). A l’image de l’Andalousie qui l’a vu naître, le flamenco est à la croisée d’un riche patrimoine musical et chanté, nourri par l’héritage andalou et les traditions du chant gitan.

Chants d’abord intimes, fermés aux curieux : c’est dans une sorte de convivialité secrète que se sont transmis les airs et les couplets, d’où la filiation souvent familiale des chanteurs dans l’histoire du flamenco ; puis dans les tavernes qui rassemblaient gens de corde et vagabonds ; enfin, au XXe siècle, dans les cafés cantantes.

La guitare et la danse s’expriment aujourd’hui souvent seuls, bien que le chant soit toujours considéré comme le coeur de la tradition. Plus récemment, des instruments comme le cajon (percussion originaire du Pérou), les palillos (castagnettes) et la guitare basse ont été introduits. Le flamenco, fort de sa dimension internationale, ne se limite plus à cette image réductrice de « deux chaises de paille, un chanteur, un guitariste et une danseuse sans castagnette ni ornement ». Il a retrouvé à la fois son sens originel (il se chante avec du « sang dans la bouche » pour exprimer la passion retenue ou le sentiment le plus débridé) et un esprit d’ouverture en direction d’autres styles comme le jazz ou l’andalou maghrébin.

Né en 1961 à Jerez de la Frontera, Gerardo Nunez a accompagné dès son plus jeune âge les plus grands cantaores : El Borrico, Terremoto de Jerez, José El de la Tomasa et Manuel Mairena. Guitariste et compositeur flamenco, Gerardo Nunez enrichit ses compositions au contact d’influences musicales diverses comme celles des Caraïbes, du jazz ou de la musique arabo-andalouse. C’est ainsi qu’il a intégré l’univers du flamenco à celui du jazz et a participé au dernier concert de Miles Davis en Espagne. En se produisant au sein de la compagnie de Mario Maya, il rencontre la danseuse de flamenco Carmen Cortès qui devient sa compagne. Tous deux partagent la même volonté de créer une musique et une danse ouvertes aux influences extérieures, tout en gardant l’intensité primitive du flamenco.

Née de parents gitans, Carmen Cortès débute sa carrière avec la troupe de Mario Maya, dans son spectacle Ay Jondo qui fera le tour du monde. Elue meilleure danseuse de l’année 1991, Carmen Cortès est une des grandes figures de la danse qui sait allier une démarche résolument contemporaine à un enracinement irréductible.

Depuis de nombreuses années, elle dirige sa propre compagnie dont les créations sont toujours saluées par une presse unanime. Farouchement indépendante, travaillant en étroite symbiose avec son compagnon, Gerardo Nunez, Carmen Cortès est aussi une pédagogue recherchée pour son intelligence chorégraphique, son sens du tragique, la sobriété et la puissance de sa danse.

Avec le contrebassiste Pablo Martin, le percussionniste Angel Sânchez Gonzâlez, surnommé « Cepillo », et l’un des plus grands jeunes talents de la scène flamenco andalouse, le chanteur Jésus Mendez, issu lui aussi d’une des célèbres familles tziganes de flamenco de Jerez de la Frontera, la guitare de Gerardo Nunez et la danse de Carmen Cortès s’apprivoisent et s’accordent dans une inventivité virtuose et une intensité bouleversante.