Hommage à la mémoire musicale du tarab populaire de Damas et du sud de la Syrie, Sajja Baladi, pensé comme une fresque artistique, capture l'essence d'un pays altéré par la tourmente de la guerre, la tristesse de la destruction et les déchirures de l'exil. Il incarne également une riposte intrépide aux velléités autoritaires visant à éclipser cette part éminente de l'histoire de la culture populaire syrienne.

Après avoir quitté la Syrie, contraint par les tourments de la guerre, Abo Gabi a entrepris un voyage épique à travers le Liban pour finalement poser ses valises en France, terre d'accueil et de refuge. C'est dans ce contexte mouvementé que le projet Sajja Baladi a commencé à prendre forme. Au fil de quatre années de collaboration avec le musicien espagnol Jordi Savall sur le projet "Orpheus", Abo Gabi s’est plongé dans les thèmes de l'identité, de la culture et du patrimoine, explorant leur connexion intime à travers la musique. Ce périple intellectuel et artistique lui révèle l'urgence de retourner sur ses terres d'origine, en Syrie, et en Palestine, terre de ses ancêtres, afin d'explorer les racines du chant populaire et de la chanson traditionnelle - témoins invisibles d'une culture immémorielle aujourd'hui menacée par les ravages de la g guerre.  Durant une résidence artistique à la Cité Internationale des Arts à Paris, suivie d’une bourse de résidence dans le nord-est de la France à l'Abbaye de Fontevraud, Abo Gabi a exploré un vaste corpus de vidéos d'anciennes cérémonies de mariage en Syrie, dans le sud du pays, ainsi qu'en Palestine et dans le sud du Liban. Sajja Baladi s'est nourri de ce voyage intérieur et extérieur, mêlant les mémoires ancestrales aux réalités contemporaines, dans une quête de préservation et de célébration de ces trésors culturels menacés.