
A la base de Hijaz, il y a le oud du Tunisien Moufadhel Adhoum et le piano du Gréco-Belge Niko Deman qui se rencontrent en 2004 pour fonder ce groupe au croisement de la mélodie arabe et du jazz. Sur les traces de deux luthistes d’Orient séduits prématurément par la note bleue, le Libanais Rabih Abou-Khalil et le Tunisien Anouar Brahem, Moufadhel a réussi lui aussi à créer son propre univers, une composition sophistiquée, emplie de mystère et d’arabesques acrobatiques. Par sa mère grecque, Niko Deman est d’abord nourri par le rebétiko, la musique des mauvais garçons née à la fin du xixe siècle sur les trottoirs d’Athènes, si proche des airs orientaux, qu’il joue sur le bouzouki, avant d’être emporté par le jazz et d’étudier au conservatoire d’Anvers.
Le dialogue entre le oud de Moufadhel et le piano de Niko est superbement soutenu par le jeu souple et aérien du percussionniste marocain Azzedine Jazouli et du percussionniste belge Chryster Aerts, rejoints par la basse solide de Rui Salgado. L’ensemble joue un rythme aventureux, transcendant les traditions du Maroc jusqu’à l’Inde, voluptueux et frénétique. Le quintette est aussi épaulé par un musicien de marque, Houssem Ben El Khadi, à la flûte ney, l'instrument de prédilection des soufis. Les chorus improvisés du groupe composent un petit chef-d’œuvre d’harmonies lumineuses, chaleureuses, exprimées par l’album Chemsi, « Mon soleil » en arabe. Une musique raffinée, complexe mais qui semble évidente par sa simplicité apparente et son émotion contagieuse.