Terminé
20 octobre21 octobre 2006

Chants sacrés du Delta du Nil

es voix extraordinaires des chantres (munshid-s) de la Haute-Egypte (Sa’id), comme celles à présent célèbres de Cheikh Ahmad al-Tûni et Cheikh Yâssin al-Touhâmy, nous ont fait découvrir l’art de l’inshâd dînî, chant religieux musulman. La Haute-Egypte recouvre un espace confrérique complexe et dense et de nombreux munshid-s réputés en sont originaires. Toutefois, l’Egypte ne se limite pas au Sa’id : la vie religieuse dans le delta présente, d’évidence, des traits distinctifs et une grande richesse.

Cheikh Saïd Youssef Zeydan, connu sous le nom de Saïd al-Mogy, est né en 1958 à Shoubra al-Khayma, dans la province de Qalyoubiyya au nord du Caire. A l’âge de quinze ans, il devient le disciple de Cheikh Ali Sherif. Hymnode dans les mawlid-s, fêtes populaires célébrées dans les sanctuaires des saints, et dans les hadra-s ou les dhikr-s, rituels soufis dédiés à la remémoration du nom de Dieu, celui-ci apprend à son élève l’art de l’inshâd dînî.

Après quinze années passées aux côtés de son maître, Cheikh Saïd al-Mogy crée sa propre troupe. Il se perfectionne dans l’art de l’ibtihalât, supplication chantée a capella par le soliste et surtout dans l’inshâd soufi qui anime dhikr-s et mawlid-s. Qu’il chante la poésie soufie en arabe classique ou des mawwal-s (improvisations vocales individuelles) en arabe dialectal, Cheikh Saïd al- Mogy maîtrise l’art secret des munshid-s qui, à travers leurs voix, conduisent leur auditoire à un état second, plein d’amour et de sérénité, afin de l’élever vers Dieu.

Gageons qu’un peu de cette joie divine et de cette folie illuminée partagée spontanément dans les hadra-s publiques nous emportent à notre tour.