
Ville carrefour, habitée depuis plusieurs millénaires, héritière de nombreuses civilisations, la cité syrienne d’Alep est réputée être l’oreille du monde arabe. C’est de là que vient Abou El Hassan, qui a d’abord perfectionné la souplesse de sa voix par la cantillation coranique dans sa ville natale, où la mystique soufie y est une des plus importantes du monde musulman. Abou El Hassan est aujourd’hui l’un des meilleurs maîtres du chant sacré, qu’il présente depuis des années sur les scènes internationales. Une voix qui excelle dans le samaâ (l’écoute en arabe), soutenue essentiellement par des percussions. Un style soufi qui implique aussi bien l’interprète que le public dans une même communion, élevant l’âme et transmettant un sentiment de bien-être et d’apaisement. Il s’agit de chants, de vers, de mélodies qui disent un art, une beauté, invoquant la nostalgie et l’amour.
Fort de son apprentissage auprès d’illustres interprètes du chant spirituel d’Alep, en particulier l’hymnode Sabri Moudallal, Abou El Hassan sait aussi transporter son public dans une complicité jubilatoire en se lançant dans les qudûd halabiya, les chants aleppins et les ibtihalate, des improvisations nourries par l’ambiance de l’instant. Quittant sa ville aujourd’hui ravagée par les bombes, Abou El Hassan s’est installé en France où il a fondé Soubol Assalam, un groupe de chants sacrés. Sur la scène de l’IMA, il est accompagné par Takht Attourath, un orchestre traditionnel aux dimensions symphoniques créé en 1995 à Paris. Son fondateur, Abderrahman Kazzoul, nous interprétera quelques pièces du répertoire de la Nahda, cette formidable renaissance culturelle qui a vu le jour au Caire au XIXe siècle.