La société des marins de Bahreïn pratique depuis fort longtemps un type de chant de divertissement présentant les caractéristiques communes à divers genres populaires : exécution collective, transmission orale, caractère anonyme de l’auteur ou du compositeur. Il n’est pas interprété à bord des bateaux mais lors de séjours en ville, dans des lieux attitrés nommés dâr (pluriel dûr, maisons). Cet art traditionnel, nommé fdjirî, se décline en cinq classes ou sous-genres qui se différencient par la nature de leur rythme. Ce sont le ’adsânî, le haddâdî, le bahrî, le mkholfî et le hassawî.
Le fdjirî commence souvent par un mawwâl de sept vers interprété par un chanteur (nahhâm) sur une mélodie mélancolique (généralement en mode hijâz), sans accompagnement rythmique, avec cadence conclusive à la fin de chaque vers sur la fondamentale du mode (dôkâh). Puis le groupe commence à répéter la formule exclamative «Ah !» sur le cinquième degré (husaynî), après quoi la mélodie revient se poser sur le degré fondamental. Le nahhâm entame ensuite, dans le même style, l’exécution de la deuxième partie du mawwâl et le chant s’étire jusqu’au septième vers nommé qufl (clôture) que le groupe répète en choeur, à l’unisson, avant de conclure par l’expression al-hukmu li-llah ! (littéralement : Dieu est souverain), répétée à la manière d’un refrain dans la plupart des genres fdjirî.
Parmi d’autres formes essentielles, citons également la tanzîla, qui débute par une séquence nommée ma’qûd, lorsque les instruments de percussion commencent à battre le rythme, ceci jusqu’à la fin du chant auquel le groupe entier participe.
Il y a aussi la nahma, où le rôle principal est tenu par le nahhâm, lequel ouvre toute représentation par un mawwâl de sept vers à mélodie mesurée, tandis que le groupe entame la wanna, un son continu émis par le nez et entrecoupé de formules d’encouragement et de cris d’approbation. Les batteurs de tambours procèdent alors à des variations rythmiques et autres « syncopes » avec accompagnement ornemental, intercalé de battements de mains. Il arrive qu’un ou plusieurs danseurs exécutent un zafn, sorte de mouvement dansant caractérisé par des mimiques cadencées.