En christianisme comme en islam, l’expérience mystique de l’amour divin donne lieu à des témoignages poétiques et musicaux qui tentent de traduire la quête spirituelle en paroles symboliques, relayées par la mélodie et le rythme. Réminiscence de la voix divine, la musique est vécue comme inductrice d’états extatiques propices au cheminement intérieur.
Les traditions musicales sacrées de Méditerranée sont issues d’un même vivier proche-oriental et leurs systèmes présentent de nombreux caractères communs. Si le versant européen a emprunté un cheminement polyphonique diatonique, son homologue oriental continue de cultiver les normes traditionnelles communes initiales : monodie, modalité zalzalienne , rythmique verbale, etc.
Un même ensemble, spécialisé dans la tradition musicale arabe artistique, met ici l’accent sur ces convergences méditerranéennes en donnant à entendre des textes sacrés et mystiques en arabe, syriaque, grec et latin tirés des corpus chrétien (saint Jean, saint Paul, saint Ephrem, saint Siméon le Nouveau Théologien) et musulman (Coran, imam Ali ibn al-Hussein, Hussein al-Hallâj, Omar ibn al-Fârid), musicalisés selon des normes traditionnelles cultivées avec créativité et authenticité.
Cette performance repose principalement sur la collaboration entre le violoniste, compositeur et musicologue libanais Nidaa Abou Mrad, directeur de l’Institut supérieur de musique de l’Université antonine au Liban, et le jeune hymnode et oudiste égyptien Mustafa Saïd, qui cultive avec art et authenticité la tradition musicale savante arabe selon l'école de la Nahda égyptienne, de même que l'art des cantillateurs du Coran et des hymnodes selon l'ancienne école d'al-Azhar. Ils seront accompagnés par Hayaf Yassine (santûr et chant) et Ali Wehbé (riqq).
N. Abou Mrad donnera le 4 juin 2007 une conférence organisée par la Sorbonne- Paris IV et intitulée «Convergences et divergences entre les traditions musicales sacrées méditerranéennes». Maison de la Recherche, 28, rue Serpente, Paris 6e, de 16 h à 18 h. Entrée libre.