
« Si j’étais chanteur
Doublé d’un poète
J’aurais fait habiter
Des gens dans mes rimes
Et je rêve d’une patrie
Ressemblant à une patrie
Qui réveille le temps ».
C’est d’une voix grave, profonde et rare que Moneim chante sa terre martyrisée, la Palestine.
Armé de son oud, inspiré par les anciennes gloires du Moyen-Orient, ce fils d’une famille religieuse de Gaza a d’abord appris la cantillation coranique. À 17 ans, il part se perfectionner dans le chant profane, en Libye, où un professeur égyptien l’initie aux finesses du maqâm, les suites arabes savantes, et aux improvisations (taqasim) au luth qui filent aux amateurs l’extase, quand leur interprète est un maître de la rime et de la métrique.
Un art que Moneim Adwan a déjà fait goûter aux publics de quelques pays arabes, d’Espagne, d’Italie, de Hollande, de Belgique ou de France où il s’est finalement installé, alors qu’il a longtemps refusé de quitter son pays, où il ne pouvait exprimer pleinement sa virtuosité et sa liberté dans un territoire politiquement instable, hostile à toute expression profane, poussant ses artistes à l’exil.
Aujourd’hui, avec Safwan Kenani au violon, Jean François Merlin à la contrebasse et Samir Homsi à la percussion, Moneim chante, entre véhémence et accalmie, la nostalgie du pays délaissé, le patrimoine oriental sans contrainte, l’amour qui ensorcelle et Mahmoud Darwish (1941-2008), le poète de la Palestine crucifiée et du monde arabe en quête de liberté.
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