Né à Rabat, Youssef Adel, nom de scéne U-cef, s'est exercé d'abod à la batterie, avant de s'aventurer sur d'autres terrains instrumentaux. Après quelques expériences musicales locales, il décide de partir à la rencontre d'autres horizons mélodiques. En 1990, il s'installe à New York où, pendant quatre ans, il officie comme batteur au sein de groupes jazz et rock. Riche de ses acquis en matière de hip hop, de funk et de jazz contemporain, il quitte la Grosse Pomme pour s'établir à Londres, où il se joint à l'éphémère formation techno-worldbeat Pan. Désireux de poser un regard neuf sur la musique de ses origines, il fond The big Idea et commence à mettre en pratique ses concepts métissés. Les premiers résultats en seront, en 1998, les prometteurs maxi-vinyles Tagazoot et Hijra, édités chez Apartment 22, le petit label du journaliste anglais Andy Morgan.
Puis, pe,da,t deux ans, dont tout un été en studio à Casablanca, Marrakech et Essaouira, il peaufine sa formule, évitant les trop faciles juxtapositions et mélangeant plutôt généreusement le hip hop, la jungle, le flamenco, la house, le gnawa, le malhoun, et l'ahwach de l'Atlas. Dans cette belle création sonore, qui sera connue sous le titre Halalium, histoire de saluer le nouveau millénaire, il a impliqué toute une tribu de collaborateurs, reconnus pour leur talent et leur professionnalisme : les tchatcheurs Black Tip et Johnny Biz, ainsi que Justin Adams, un des guitaristes attitrés de Sinead O'Connor (Londres), Dar Gnawa (Casa), Rahil (Algérie) et Doha (Voix du Sud marocain). Bine accueilli par la presse et le public, l'album marque un tournant dans l'ère digitale en version maghrébine. Ce n'est pas pour rien que la critique britannique a complimenté U-cef en le hissant au niveau d'un "Talvin Singh d'Afrique du Nord".
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Raï festif
avec Hanino
Pendant près d’une décennie, les Frères Bouchenak, surnommés les Chevaliers du raï, avaient dominé le marché musical marocain, avant de se dissoudre. Hanino, né à Oujda, a été un de leurs plus grands fans et leur influence a été immense quant à sa détermination d’embrasser une carrière artistique. Mais, le beau brun, au sourire angélique, a été surtout encouragé, à ses débuts, par un cousin, Chérif Hassan, une des valeurs sûres de la chanson chérifienne. Jouant des percussions et d’un peu de clavier, c’est sa voix, au grain particulier, qui a fait sensation, le temps d’un ou deux titres dans les premières fêtes de mariages auxquelles il a participé, aux côtés de chanteurs installés.
Au début des années 1990, il franchit la Méditerranée pour s’établir à Lille où, deux ans plus tard, il rejoint le groupe de rap-raï Oxygène qui s’est permis le luxe d’une première partie de IAM. L’expérience, si elle fut intense et enrichissante, ne l’a satisfait qu’à moitié. Plutôt attiré par le raï, et aussi par le reggae, il décide de se lancer en solo, en animant des fêtes de mariages avec sa formation El Hanane. En 1997, accompagné par les Frères Bouchenak, il grave sa première cassette au Maroc et savoure son premier succès populaire, intitulé Al Bardia. Suivront, à un rythme trimestriel, pour garder, dit-il, « la pression sur le public », huit autres enregistrements, assortis de compositions de son cru et de quelques reprises bien senties. Tous portent la marque de fabrique d’un style qui refuse les limites dictées par le seul esprit raï et intégrant du chaâbi accéléré et du chaouï chérifien ou du regada (forme alaouie, d’essence bédouine). Très convaincant sur scène, il restait, à Hanino, le soin d’élargir son audience. Il vient d’enregistrer son premier album, Douar Zine (MLP/Crystal Sound), hors communauté et il compte bien aller plus loin.
R.M.