
Is’haq el Mawsili (767-850) était, au VIIIe siècle, maître de musique à la cour abbasside de Haroun ar-Rachid, le plus renommé des califes. On dit que, jaloux de la virtuosité phénoménale de son élève Ziryab (777-852), il poussa celui-ci à l’exil à Cordoue, où le disciple élabora les bases de ce qui deviendra la musique arabo-andalouse. Voici pour l’histoire et la légende.
Pour l’actualité, l’association El Mawsili, fondée, en 1991, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), par une huitaine de praticiens, compte aujourd’hui plus de trois cents inscrits, enfants, adolescents et adultes, attachés à un patrimoine savant et populaire, riche de plusieurs siècles d’existence et d’évolutions, bien après la fin de l’empire arabo-musulman.
Mené par l’un de ses créateurs, Farid Bensarsa, l’ensemble qui en est issu, El Mawsili, regroupe une cinquantaine de chanteurs et d’instrumentistes (kanoun, luth, kouitra, mandole, rebec, r’bab, violon, mandoline, nay, derbouka, tambourin târ, bongos) connaissant, sur le bout des doigts, des répertoires intégrant toutes les nuances et subtilités maghrébines, longtemps perpétués de manière orale. Ils sont deux ou trois générations de passionnés qui interprètent, avec délice et délicatesse, les thèmes de prédilection de la tradition arabo-andalouse sur plusieurs scènes de France et du monde. Une poésie qui chante l’amour courtois, la séparation déchirante, l’amitié indispensable, contemple la beauté de la nature, déplore l’exil et cultive la nostalgie.
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