
Averroès et la Renaissance arabe : la philosophie en débat
Falsafa | Les RDV de la philosophie arabe
À l’occasion des 900 ans de la naissance d’Averroès (Ibn Rushd, 1126-1198), l’Institut du monde arabe dédie l’édition 2025-2026 de Falsafa, les RDV de la philosophie arabe à cette figure majeure de la pensée universelle. Cette saison est un hommage à celui qui fut à la fois juge, juriste, médecin et philosophe, commentateur inlassable d’Aristote. À travers conférences et débats, ces rencontres mettent en lumière la pensée d’Averroès et son influence durable sur la philosophie, la science et le dialogue des cultures.
À la période de la Renaissance arabe (Nahḍa, XIXe-XXe siècle), Averroès devient le symbole d’une modernité précoce : celle de la grandeur perdue de l’Andalousie musulmane, préfigurant celle de l’Europe. Toutefois, la nature même de cette modernité, tout comme le contenu de la philosophie d’Averroès, sont loin d’être univoques pour les intellectuels de l’époque et donnent lieu à des divergences d’interprétations, parfois empreintes de parti pris.
La controverse qui a opposé, entre 1902 et 1903, Faraḥ Anṭūn, journaliste chrétien libanais, et Muḥammed ʿAbduh, mufti d’Egypte, en constitue une parfaite illustration : d’une plume à l’autre, Averroès, insaisissable, change de masque et se transforme. Pourquoi l’appropriation d’Averroès devient-elle l’enjeu capital d’un débat du début du XXe siècle, dont ni les auteurs, ni les lecteurs ne sont des spécialistes ? Est-ce bien la pensée d’Averroès ou celle de ses interprètes qui se dévoile dans le débat ?
Avec Safia Zghal, doctorante en philosophie arabe à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et à l'Université Libre de Bruxelles sous la direction de Jean-Baptiste Brenet et de Guillaume Dye, s'intéresse à la période de la Renaissance arabe (Nahḍa, XIXème-XXème siècles) et à la pensée épistémique et politique qui naît dans le Monde arabe sous la colonisation et en réaction à celle-ci. Sa thèse se focalise sur la traduction et le commentaire du débat de presse entre Faraḥ Anṭūn et Muḥammed ʿAbduh (1902-1903), dont l'enjeu est d'étudier l'instrumentalisation de la figure d'Averroès par les deux adversaires.
Animé par Jean-Baptiste Brenet, médiéviste, professeur de philosophie arabe à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.