Cette séance est consacrée aux Mu’allaqât ou “Suspendues”, une anthologie emblématique de la poésie préislamique. Considérés comme exemplaires par les poètes arabes médiévaux, les Mu'allaqât jouent un rôle central dans la littérature arabe en définissant les genres, valeurs et thèmes de l’époque classique. 

Les Mu‘allaqât (les sept, neuf ou dix grandes odes préislamiques) font partie du plus ancien corpus de poésie arabe qui nous soit parvenu. Ils reflètent fidèlement le système de valeurs tribales, notamment l’esprit de corps dont dépend la cohésion interne et la survie du groupe. Mais si le poète est le chantre de sa tribu, il est parfaitement conscient aussi de sa solitude en son sein et le clame en se vantant de ses propres exploits : il est tour à tour le chevalier sans peur, l’amant irrésistible, le sage désabusé, et on est toujours frappé par sa vision tragique du monde, un monde où le néant guette toute entreprise humaine.
Selon une légende tenace, ces odes auraient été accrochées aux murs de la Kaaba, le vieux temple de La Mecque, en signe de vénération, d’où leur nom (Mu’allaqât signifie « Suspendues »). Leur authenticité a été l’objet d’âpres discussions, certains critiques les soupçonnant d’avoir été forgées par des grammairiens du VIII^e siècle en Irak, d’autres insistant au contraire sur leur origine préislamique. Quoi qu'il en soit, tous sont contraints de reconnaître qu’elles constituent, à la fois par leur langue précise, leur versification complexe et leurs thèmes, le socle sur lequel s’est édifiée la poésie arabe classique.
Seront lus des extraits des Mu’allaqât d’Imrû l-Qays, Tarafa ibn al-‘Abd, Zuhayr ibn Abî Sulmâ, ‘Amr ibn Kulthûm, ‘Antara ibn Shaddâd et Al-A’sha Qays.

• Présentation : Farouk Mardam-Bey
• Lecture en arabe : Kadhim Jihad Hassan
• Lecture en français : Hammou Graïa
• Accompagnement musical au violoncelle : Lola Malique