22 octobre 202522 février 2026

Tenter l’art pour soigner - À l’hôpital psychiatrique de Blida-Joinville durant les années 1960

Exposition au musée de l'IMA

En 2022, le musée de l’Institut du monde arabe reçoit une généreuse donation : un ensemble d’archives, de céramiques peintes et de nombreuses planches dessinées à la gouache, exécutées à la fin des années 1960 au cours d’ateliers de socialthérapie menés à l’hôpital psychiatrique de Blida-Joinville (HPB), institution algérienne marquée par la figure emblématique de Frantz Fanon. 

Voici cette donation mise en lumière dans son contexte historique.

L’hôpital psychiatrique de Blida-Joinville (HPB) est fondé en 1933. Frantz Fanon (1925-1961), docteur en psychiatrie et grande figure de l’anticolonialisme, y officie en tant que médecin-chef entre 1953 et 1956 ; l’hôpital portera son nom à l’indépendance du pays. En rupture avec la psychiatrie coloniale, Fanon renouvelle l’approche psychiatrique en s’adaptant au contexte culturel local et social des pensionnaires. Il crée avec ces derniers et l’équipe médicale un tissu social au sein de l’institution, avec entre autres des activités manuelles, de la musicothérapie et de la pratique sportive, afin de favoriser l’expression des patients en vue de leur possible guérison et leur réinsertion dans la société.

À la fin des années 1960, les successeurs de Fanon développent cette pratique de la thérapie sociale. En témoignent les ateliers de dessin qui donnent naissance à cet ensemble très riche de peintures à la gouache. Le dessin devient un véritable médium d’expression pour les patients. 

Gouache réalisée par l'un des pensionnaires de l'hôpital psychiatrique Frantz Fanon, Blida, fin des années 1960. © Musée de l'IMA

Gouache réalisée par l'un des pensionnaires de l'hôpital psychiatrique Frantz Fanon, Blida, fin des années 1960. © Musée de l'IMA

L’exposition interroge le contenu de ces peintures en mettant en avant la dimension humaine des pensionnaires qui les ont réalisées ; et, s’appuyant sur les archives de la donation, met en lumière le contexte historique dans lequel s’inscrivent les apports des ateliers artistiques à l’hôpital.

Commissariat : Djamila Chakour, chargée de collections et d’expositions, Musée de l’IMA