
L’Institut du monde arabe consacre un cycle exceptionnel aux cinémas du Maghreb, en résonnance avec trois publications récentes qui interrogent l’histoire, les récits et les esthétiques propres à chaque pays. Le temps de ce cycle, le grand écran devient une fenêtre ouverte sur les sociétés du Maroc, de l’Algérie et de la Tunisie.
Cette séance invite à un moment d’échange avec Roland Carrée et Rabéa Ridaoui pour leur livre CinéCasablanca, La Ville Blanche en 100 films, précédé d'une sélection de courts métrages.
De chair et d'acier de Mohamed Afifi
Maroc, documentaire, 1959, 15’
Scénario, montage : Mohamed Afifi
Image : Bernard Taizant
Producteur : Centre Cinématographique Marocain (CCM)
Synopsis
Evocation du port de la ville de Casablanca, faite de chair et d’acier, avec ses ballets de grues et la marche de ceux qui la peuplent.
Biographie
Né en 1933, à Casablanca, Mohamed Afifi entre à l’IDHEC en 1955. Directeur-adjoint au Centre Cinématographique Marocain en 1960, secrétaire général de l’Association marocaine du cinéma scientifique, il est nommé en 1962, directeur du Théâtre Municipal de Casablanca. Distributeur de films (société Promofilms) à la fin des années 60, Mohamed Afifi aura surtout marqué l’histoire de la naissance du cinéma marocain avec deux courts métrages, De chair et d’Acier en 1959 et Retour en Agadir en 1967.
Il est décédé le dimanche 9 février 2014 à l’âge de 80 ans.
Six et douze de Ahmed Bouanani, Mohammed Abderrahman Tazi et Majid Rechich

Maroc, documentaire, 1968, 18’
Scénario : Ahmed Bouanani, Mohammed Abderrahman Tazi, Majid Rechich
Image : Magid Rechiche, Mohamed Abderrahman Tazi
Montage : Ahmed Bouanani
Producteur : Centre Cinématographique Marocain (CCM)
Synopsis
Nous avons choisi des images à travers une ville - des instants - temps cloîtré ouvert carapaçonné fenêtres dans le vide des yeux fermés entrebâillés agrippés - absence et solitude des pavés mouillés d’une fête morose qui s’est terminée, peut-être le noir l’a absorbée l’a enfermée, dans des cadenas par-delà des clés rouillées immensément grandes et des portes qui ne tiennent plus - soudain l’ombre - soudain le geste le bruit de pas - la mer ou le silence - le silence ou le cri - l’attente ou l’angoisse - le sommeil ou l’insomnie - le signe de la lumière jaillit - le cœur entre deux chiffres nos visages pris dans la tourmente les deux chiffres gravés au blanc sur des fronts des regards des corps qui vont tourner dans la tourmente réglés comme des aimants.
Biographies
Né en 1938 à Casablanca (Maroc), Ahmed Bouanani étudie à l’IDHEC et participe à la fondation du collectif Sigma 3 (avec Mohammed Abderrahman Tazi, Mohamed Sekkat et Hamid Benani). Ce groupement de cinéastes militants leur permettre de produire ensemble leurs films en toute autonomie. Au milieu des années 60 il se lance dans la réalisation de courts métrages. Dès 1970, il travaille comme monteur et scénariste sur plusieurs films marocains, dont le premier long métrage de Benani, Traces (1970). Il publie plusieurs volumes de poèmes et écrit les scénarios des deux premiers longs métrages du jeune cinéaste Daoud Aoulad Syad, avec lequel il publie un livre de poèmes et photographies, Territoires de l’instant (2000). Son seul film de long métrage, Le Mirage / Al-sarab (1979), constitue une date marquante dans le cinéma marocain. Ahmed Bouanani est mort en 2011.
Mohamed Abderrahman Tazi est né à Fez au Maroc, en 1942. Diplômé de l’IDHEC à Paris en 1963, il a suivi en 1974-1975 des études de Communication à l’Université de Syracuse aux États-Unis. En 1979, il crée la société de production « Arts et Techniques Audio-visuels ». Producteur et réalisateur de programmes culturels pour la RTM – Télévision Marocaine et la Télévision espagnole, il a également été conseiller technique ou délégué de production sur certains films de Robert Wise, John Huston, Francis F. Coppola, tournés au Maroc. Il tourne un premier long métrage de fiction en 1981, Le Grand Voyage, puis réalise et produit Badis en 1989, À la recherche du mari de ma femme en 1994 et Lalla Hobby en 1997. De 2000 à 2003, il est Directeur des productions à la chaîne de télévision marocaine 2M.
Né en 1942 à Kénitra au Maroc, Majid Rechich étudie la réalisation à l'IDHEC, à Paris, où il obtient son diplôme en 1963. À son retour au Maroc en 1964, il entre au CCM en tant que caméraman de courts métrages, puis suspend sa carrière en 1965-66, pour faire des études d’anthropologie et d’histoire de l’art à l’Université Libre de Bruxelles. À partir de 1968 il réalise huit courts métrages, et devient directeur de la photographie pour Mohamed Abazzi en 1995, sur Les Trésors de l’Atlas. Il co-écrit L'Histoire d'une rose (2000) son premier long métrage avec Farida Benlyazid et Omar Chraïbi.

Ahmed Bouanani

Mohammed Abderrahman Tazi
Le Park de Randa Maroufi

Maroc, documentaire, 2015, 14’
Image : Luca Coassin
Son, montage : Randa Maroufi
Producteur : Le Fresnoy - Studio national des arts contemporains, Tourcoing
Synopsis
Dans un parc d’attraction abandonné de Casablanca, la caméra de Randa Maroufi erre et surprend des jeunes en bande, en action mais figés : des sourires, des jeux, une machette qui ne s’abat pas… Des scènes de vie recomposées et comme contaminées par un virus qui se propagerait sur les réseaux sociaux. Parmi les ruines, dans l’angle mort du pouvoir, ces jeunes construisent leur mise en scène et ne rêvent que d’une chose : être vus.
Biographie
Randa Maroufi est née en 1987 à Casablanca au Maroc. Elle est diplômée de l’Institut National des Beaux-Arts de Tétouan, de l’École Supérieure des Beaux-Arts d’Angers, ainsi que du Fresnoy. Randa est de cette génération advenue avec le règne des images. Elle les collectionne avec autant d’avidité que de méfiance, se pose sans cesse la question de leur véracité. Sa recherche se situe entre le reportage, le cinéma et l’étude sociologique qu’elle poursuit en réalisant des fictions ambiguës qu’elle met au service du réel. Son travail, qui se traduit essentiellement à travers la photographie, la vidéo, l’installation, la performance et le son, a été présenté lors d’événements d’art contemporain et de cinéma.
Son film Le Park a reçu plus d’une vingtaine de prix.

Randa Maroufi
Les Derniers Paradis de Sido Lansari

Maroc/France, docu-fiction, 2019, 14’
Scénario : Sido Lansari
Son, voix-off : Mehdi El Kindi
Producteur : La Friche la Belle de Mai, FRAEME, Institut français du Maroc
Synopsis
L’histoire presque vraie de Sami qui ne rêve que de danses et de stars égyptiennes dans le salon de coiffure où il travaille à Casablanca. Jusqu’au jour où il rencontre Daniel, un amant qui lui fait découvrir un Paris homosexuel révolutionnaire.
Biographie
Né en 1988 à Casablanca, Sido Lansari est un artiste visuel basé à Tanger. En 2013, il commence son premier projet de création Papa suce et Maman coud, une série de canevas brodés réalisés à la main. Son travail a été montré à Rabat (Cube – independent art room – 2017), à Lyon (Modern Art Gallery – 2014 ; Galerie des Pentes – 2013), à Marrakech (Le 18, derb el ferranne – 2015) et à Paris (La Gaîté Lyrique – 2014, Les mots à la bouche – 2016).
Les Derniers Paradis est son premier film.

Sido Lansari
Sukar de Ilias El Faris

France/Maroc, fiction, 2019, 10’
Scénario : Ilias El Faris
Image : Robin Fresson
Son : Mohamed Bounouar
Montage : Léo Richard
Décors : Khalid Al Attafi
Costumes : Otmane El Khamarri
Musique : Nabil El Amraoui
Interprètes : Walid Rakik, Nisrine Benchara, Mustapha Bamad, Yassine Would Zineb
Producteur : Sophie Penson, Saïd Hamich Benlarbi
Synopsis
Sur la plage de Casablanca, le désir de deux adolescents se fait discret. Enfants comme adultes surveillent. Une bagarre détourne l’attention.
Biographie
Né à Agadir en 1990, Ilias El Faris vit désormais à Paris. Il tourne en super 8, à Taghazout, son premier court métrage, Azayz, sélectionné dans différents festivals internationaux et récompensé du prix du Jury au Doclisboa 2016. En 2017, Ilias réalise Roujoula à Casablanca, en compétition internationale au festival de Clermont-Ferrand et récompensé, entre autres, du grand prix du court métrage de la 40ème édition du Cinemed. Pour la collection L’Animal, commande du CNAP (Centre National des Arts Plastiques) et du GREC (Groupe de Recherches et d’Essais Cinématographiques), Ilias réalise Aïn Diab en mars 2019 projeté au festival Côté Court. Tournée la même année, en 16 mm sur la plage de Casablanca, Sukar est sa dernière fiction.
Également co-scénariste du court métrage Le Petit réalisé par Lorenzo Bianchi, primé au festival de Clermont-Ferrand 2017. Par ailleurs, Ilias est comédien, anime des ateliers de cinéma en milieu scolaire et collabore régulièrement avec les compagnies de l’éventuel hérisson bleu (théâtre) et miroirs étendus (création lyrique).

Ilias El Faris