
Chronique des années de braise
Hommage à Mohammed Lakhdar-Hamina
Palme d'or du festival de Cannes de 1975, une grande fresque historique en six tableaux, depuis les premiers mouvements de résistance jusqu'à l’insurrection de 1954.

Algérie, fiction, 1975, 177’
Scénario : Mohammed Lakhdar-Hamina, Tewfik Fares, Rachid Boudjedra
Image : Marcello Gatti
Son : Vartan Karakesian
Musique : Philippe Arthuys
Interprètes : Yorgo Voyagis, Mohammed Lakhdar Hamina, Leila Shenna, Sid Ali Kouiret, Keltoum, Yahia Benmabrouk, Cheikh Nourredine, Hassan El-Hassani, Larbi Zekkal, Hadj Smaine, François Maistre, Jacques David
Producteur : Mohammed Lakhdar-Hamina
Synopsis
Ahmed, paysan pauvre, quitte son village pour la ville à la recherche d’une vie plus facile. Il rencontre Miloud, un fou visionnaire, et surtout la misère et l’injustice.
Chronique événementielle de l’histoire algérienne, de la conquête française à 1954, date du déclenchement de la guerre de Libération nationale, le film relate, à travers la vie d’une famille et de quelques individus symboliques, la résistance du peuple algérien tout entier à l’expropriation de ses terres et à la déculturation.
Chronique des années de braise est composé de 6 volets : Les Années de Cendre (la sécheresse, la misère et l’abandon de la terre par les paysans), L’Année de la Charrette (la Seconde Guerre mondiale et ses conséquences sur le pays), Les Années de Braise (à la fin de la guerre, la flambée de conscience politique contre le colonisateur), L’Année de la Charge (les élections de 1947, le choix entre le légalisme et le soulèvement), Les Années de Feu (la révolte dans les campagnes, l’organisation des maquis), Le 1er Novembre 1954 (la révolte qui devient révolution).
Le film remporta la Palme d’or au Festival de Cannes en 1975.
Biographie
Né le 26 février 1934 à M’Sila, Mohammed Lakhdar-Hamina commence ses études en Algérie et les termine en France. Au lycée Carnot de Cannes, il partage le pupitre du fils d’un directeur de la photo et se prend d’intérêt pour le cinéma. Appelé sous les drapeaux français en 1958, il rejoint la résistance algérienne à Tunis et c’est au maquis qu’il tourne ses premiers films. En 1959, il est envoyé par le FLN à Prague poursuivre des études à l’école de cinéma, la FAMU, où il se spécialise dans la prise de vue. Entre temps, il fait plusieurs séjours à Tunis où il tourne avec Djamel Chanderli Yasmina les courts métrages La Voix du peuple et Les Fusils de la liberté. Après l’indépendance, il rassemble ses anciens collaborateurs de Tunis pour jeter les bases de ce qui va devenir l’Office des actualités algériennes, dont il devient le directeur de 1963 à sa dissolution en 1974.
Enfant de la révolution, Mohammed Lakhdar-Hamina n’aura de cesse de filmer pour dénoncer les conditions et l’histoire de ces hommes qui ont lutté pour l’indépendance.
En 1965, il tourne son premier long métrage Le Vent des Aurès, odyssée d’une femme partie à la recherche de son fils emprisonné pendant la guerre, une histoire inspirée de celle de sa grand-mère. Couronné du Prix de la première œuvre au Festival de Cannes en 1967, Le Vent des Aurès est le premier film algérien qui consacre la présence du jeune cinéma sur la scène internationale.
En 1968, il tourne Hassan Terro. D’un tout autre genre, ce film comique pastiche la guerre d’Algérie à travers les mésaventures de Hassan, un petit-bourgeois entraîné malgré lui dans le feu de l’action révolutionnaire. Avec ce film, Lakhdar-Hamina acquiert une popularité sans précédent auprès des spectateurs algériens.
Dans Décembre, son troisième long métrage sorti en 1972, Lakhdar-Hamina aborde la torture en s’inspirant de l’histoire de son père, mort sous les sévices. À Alger, un des responsables du FLN est arrêté par l’armée qui emploie les méthodes les plus violentes pour faire parler les prisonniers. Le recours à la torture pose un cas de conscience à un officier français.
Et en 1974, c’est Chronique des années de braise, grande fresque historique qui nous entraîne dans ces années d’après l’indépendance. Ce film remporte la Palme d’Or à Cannes en 1975.
Mohammed Lakhdar-Hamina signe ensuite deux films : Vent de sable en 1982 et La Dernière Image en 1985.
Dans son dernier film, Crépuscule des ombres, en 2014, le réalisateur revient à la guerre d’Algérie,.
Le 23 mai 2025, Chronique des années de braise est projeté pour célébrer les 50 ans de sa Palme d’Or dans la sélection Cannes Classics du Festival de Cannes. Mohammed Lakhdar-Hamina, qui n’avait pu faire le déplacement à Cannes en raison de son état de santé, s’éteint à son domicile algérien quelques heures plus tard.

Mohammed Lakhdar-Hamina