Spectacles

Nubiens en chœur

  • 5 mars 2004 - 6 mars 2004
Nubiens en chœur
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La Nubie est un vaste territoire partagé entre le sud de l’Egypte et le nord du Soudan. Population très ancienne, les Nubiens auraient pris part au développement de l’Egypte pharaonique. Cette terre, formée essentiellement d’un désert aride, est traversée par le Nil qui lui donne son existence et sa signification. Les Nubiens y pratiquent l’agriculture. Le système d’irrigation porte le nom d’“eskalee”, “saqiya” en arabe. Actionnée par un bovin qui effectue des tours à l’infini, cette noria au rythme lancinant a inspiré de nombreux musiciens. Le paysan qui surveille la bête égaye la monotonie de la manœuvre de chants, appelés eux aussi “eskalee”.

On connaît mal l’histoire de la musique nubienne. Les explorateurs européens ont été les premiers à en parler, et ce dès la fin du XVIIIe siècle. Du nord au sud, cette musique possède des variantes stylistiques. Elle se singularise par un sens dynamique extrêmement mesuré, loin de la richesse rythmique que l’on trouve en Egypte. Musique essentiellement chantée, elle étonne par sa simplicité. Lorsqu’une voix chante individuellement, elle invite les auditeurs à participer. Ceux-ci reprennent alors la mélodie, tout en rythmant le discours musical par la frappe des mains ou simplement par la claque du pied sur le sol. Dans les chants collectifs nubiens, un soliste lance la mélodie ; elle est reprise par l’ensemble des voix, selon un procédé largement répandu en Afrique. La lyre est l’instrument le plus important en Nubie. La musique nubienne fait aussi une séparation très nette entre le répertoire sacré et le profane. Le chant sacré (voir le disque de l’IMA consacré au chant sacré du Soudan) a une esthétique différente de celle du chant profane, lequel est dominé par la présence de la lyre. Seul trait d’union entre les deux, le tambour sur cadre, le târ.
Parmi les musiciens nubiens les plus connus, on peut citer l’Egyptien Muhammad Mounir (né à Assouan en 1954), le Soudanais Hamza el-Din (né en 1929), le joueur de lyre Muhammad Gubara (né en 1947) et surtout Muhammad Wardi, probablement le plus apprécié des Nubiens. La musique nubienne a marqué la musique soudanaise, et notamment ce que l’on a coutume d’appeler, la “chanson urbaine”. Elle passe désormais par la capitale, Khartoum, ce qui donne à cette musique traditionnelle de nouveaux accents.

D’après Christian Poché

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