À l’occasion de la parution du livre d’Alexandre Kazerouni intitulé Le Miroir des cheikhs : musée et politique dans les principautés du golfe Persique, l’Institut du monde arabe organise un débat entre l’auteur et Laurence des Cars, présidente du Musée d’Orsay, qui sera modéré par Philippe Dagen, professeur des universités à Paris 1 Panthéon Sorbonne.
L’association entre « Golfe » et « culture » est nouvelle, et elle étonne tant elle contredit l’image habituellement associée aux principautés du golfe Persique. La multiplication des annonces de musées à forte visibilité internationale au Qatar et à Abou Dhabi en a été la forme la plus éclatante ces dernières années. La dynamique est née au Qatar au début des années 1990, avec le Musée d’art islamique de Doha qui a été inauguré en 2008, et elle s’est étendue après 2004 à Abou Dhabi avec quatre musées pour un « district culturel » sur l’île de Sa‘adiyat, dont un établissement portant le nom du Louvre.
Près d’une décennie plus tard, Le Miroir des cheikhs d’Alexandre Kazerouni propose une mise en perspective du phénomène à partir d’enquêtes de terrain effectuées entre 2007 et 2013, au Qatar et aux Émirats arabes unis, mais aussi au Bahreïn et au Koweït. Ces musées-miroir, comme l’auteur les appelle, n’émergeraient pas d’un désert culturel. Le Louvre Abou Dhabi serait tout sauf un « Louvre des sables ». Au sortir des années 1970, les principautés s’étaient en effet déjà toutes dotées d’au moins un grand musée national, des musées d’archéologie et d’ethnographie locales, que l’auteur nomme des musées-racine, tant la consolidation des frontières héritées de la colonisation britannique en est l’objectif premier.
En comparant ces deux différents types de musées, les musées-miroir et les musées-racine, et en faisant le constat de leur juxtaposition au Qatar et à Abou Dhabi, Alexandre Kazerouni montre comment de la deuxième guerre du Golfe (1990-1991) est né un nouvel ordre régional qui a non seulement transformé les rapports de force au sein de la péninsule arabique, entre les principautés et l’Arabie, mais aussi une nouvelle distribution des forces à l’intérieur des principautés. Ce serait à ce niveau interne du politique que se trouverait la clé de compréhension d’un Louvre Abou Dhabi. Le Miroir des cheikhs est ainsi une plongée rare dans la vie politique intérieure si mal connue du Qatar et d’Abou Dhabi.
Alors que l’inauguration du Louvre Abou Dhabi, le plus emblématique de ces musées-miroir, semble imminente, Laurence des Cars, qui a été en charge de la définition de son contenu entre 2007 et 2013 en tant que directrice scientifique de l’Agence France-Muséums, viendra discuter avec Alexandre Kazerouni l’inscription de ce projet dans Le Miroir des cheikhs.
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