Spectacles

La Palestine au cœur

Avec Kamilya Jubran & Werner Hasler et Naziha & Adel Salameh
  • 17 juin 2005
La Palestine au cœur
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Kamilya et Werner, la créativité électro-orientale

Kamilya Jubran est née en 1963 à Aakka, de parents Palestiniens qui habitent aujourd’hui l'Al-Rameh - un village Palestinien du nord, dans l'Al- Jaleel. Elias, son père, fabricant d'instruments traditionnels et enseignant en musique sera sa première source d'éducation musicale. A l’âge de 4 ans, elle commence l’apprentissage et l’interprétation du répertoire arabe classique égyptien. En 1982, elle rejoint la formation Sabreen, basée à Al-Qods-Jérusalem, et, pendant vingt ans, elle en sera la voix principale tout en jouant du qanoûn (cithare) et de divers instruments orientaux. Toute cette bouillonnante époque va favoriser une profonde et dynamique évolution qui préfigurera un nouveau style de la chanson arabe moderne.
En 2002, Kamilya s’oriente vers un registre musical différent avec Mahattaat©, créé et enregistré à Berne. Elle tournera pendant une année, avec ce spectacle, dans de nombreuses villes européennes et égyptienes. Aujourd’hui, fidèle à ses convictions de toujours, elle a choisi d‘explorer de nouveaux courants avec sa dernière production, Wameedd©, fruit d’une rencontre avec le musicien Werner Hasler. Ce dernier, né en 1969 et vivant à Berne, a étudié la musique (trompette) à la Swiss Jazz School of Bern, avant d’enregistrer et de tourner avec Nits, Tonus, William Bell et Eddy Floyd, puis de fonder, en 1997, son propre groupe, Manufactur, à travers lequel il développe son propre style et poursuit ses recherches en musique électronique.
Wameedd©, qui nous sera proposé lors de cette soirée unique, relève d‘une symbiose dynamique et créative entre Kamilya Jubran et Werner Hasler. C’est lors d’une rencontre fortuite que naitra, en eux, l’envie d’expérimenter et d’emprunter ensemble une voie musicale sans règle préétablie, ni but déterminé. Bien qu’ayant des racines et des parcours différents, leur approche pertinente et inventive des «deux univers» permet au duo d’aller vers différents horizons, selon leur inspiration personnelle et les interrogations qui «mobilisent» leur imagination. La voix limpide et sans limite de Kamilya, ses compositions, les mots et phonèmes arabes, les rythmes et, par ailleurs, les racines et le passé de trompettiste de Werner, ses propres mélodies et sa façon de conduire la musique électronique est donc l’aboutissement tout en harmonie de leurs investigations et introspections.

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Naziha et Adel Salameh, l’accord parfait

En 1995, le joueur de luth Anglo-Palestinien Adel Salameh, né en 1966 à Naplouse, s’était produit dans différents endroits de Grande-Bretagne. Un an plus tard, le 3 mars 1996, il est enregistré en direct par BBC World Service lors d’une série de concerts. Dans la foulée, il grave deux albums : l’un en duo avec un virtuose du sarod, Krishnamurti Sridhar (qui fut son partenaire au cours d’un mémorable festival à Adélaïde, Australie) pour Real World, le label de la pop star Peter Gabriel, et l’autre avec Eduardo Niebla, guitariste de flamenco, cet univers qui lui était familier depuis une collaboration remarquée avec Juan Martin, un autre as de la six-cordes façon andalouse. Adel a sillonné bien d’autres pays tels la Jordanie, l’Italie, la Tunisie ou la France (à Belfort et à Lille dans le cadre de festivals, ainsi qu’à l’Institut du Monde Arabe).
La musique d’Adel, qui se distingue par des compositions personnelles, s’entend comme une savante combinaison entre un jeu instinctif et une performance technique de haut niveau. Il pratique le genre arabe traditionnel et classique bâti autour des maqâms (modes), dont une quarantaine sont couramment utilisés, et basé sur le taqsim (improvisation) à tonalité fixe, mais non soumis à une durée déterminée et rythmiquement libres. Il lui manquait une voix (et une autre voie) pour donner davantage d’ampleur et de relief à ses compositions ouvertes sur la vie et, depuis, son installation à Lyon, il l’a trouvée en la personne de Naziha Azzouz. Native d’Oran mais résidant en France depuis l’âge de 12 ans, elle a travaillé au Royaume-Uni, autour du répertoire médiéval, avec l’ensemble Joglasera. Dotée d’une voix à la fois douce et forte dans ses élévations, elle avait déjà conquis l’auditoire à travers un précédent album, Kanza (Enja/ Harmonia Mundi).
Dans son dernier opus, Hafla (fête en arabe), le couple, complice à la ville comme à la scène, élargit, de manière très vive, son horizon à travers des morceaux jouant autant sur la fibre andalouse ou turque que maghrébine. On peut même y entendre Adel s’essayer à quelques vocalises joliment enlevées.

R.M.

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